Jérémie Forney, professeur à l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel étudie le monde agricole et sa gouvernance économique, politique et environnementale. Il vient d’organiser un colloque international à l’UniNE sur la digitalisation de l’agriculture, laquelle en profite en fait encore peu.
D’où vient votre intérêt d’ethnologue pour l’agriculture?
Des opportunités au fil de mes études et du fait que j’ai grandi dans un milieu rural. J’ai toujours eu une sensibilité environnementale. Me pencher sur l’adaptation de la population agricole aux changements politiques et économiques m’a incité à m’intéresser aux interconnexions des thématiques agricoles et environnementales, que ce soit les paiements directs aux paysan-ne-s pour leur contribution environnementale, ou leur rôle dans la préservation de la biodiversité.
Quel bilan pour votre colloque ?
Ce n’est pas dans les fermes que l’agriculture se digitalise pour l’heure. Elle se développe surtout dans des startups technologiques, des recherches, l’administration, les investisseurs… Mais sans rôle vraiment actif des agriculteurs-trices. Le colloque a mentionné des projets basés sur des images satellites pour suivre l’état des sols, ou des robots cueilleurs de fruits. Mais ils sont encore à l’état de prototype.
Quid du mal-être des fermiers ?
inquiète depuis le début de ma carrière. La digitalisation de la bureaucratie agricole montre qu’encore une fois, on ne se pose pas tellement la question du sens. Le système est contradictoire en soi : d’un côté il préconise un libéralisme économique pour une rentabilité maximale, de l’autre, alors que préserver l’environnement exige plutôt un ralentissement de la production. Il faut remettre du sens dans ce que nous demandons à cette population, au niveau politique et à travers les marchés, pour l’aider à retrouver un sentiment d’être en phase avec le reste de la société.
