Dans « Dans la mesure de l’impossible », Tiago Rodrigues met en scène des récits de travailleurs humanitaires. Authentique, intime, bouleversant…
Une ville à longue tradition d’accueil et un monde marqué par la guerre en Ukraine : ce contexte confère une nouvelle dimension à un spectacle racontant le quotidien d’humanitaires en zones de conflit. À une semaine de la première de Dans la mesure de l’impossible, à Beau-Site (TPR), Le Ô a eu le privilège de s’entretenir avec Tiago Rodrigues, retentissant auteur et metteur en scène, et futur directeur du Festival d’Avignon.
« C’est intéressant de vivre les circonstances de chaque ville dans l’interaction avec le public. D’autant plus que La Chaux-de-Fonds, en tant que capitale humanitaire, entretient un rapport fort avec l’actualité, qui impacte notre quotidien.
La paix est le droit de tous les peuples, le dire est l’intention de la pièce. Mais cette guerre en Europe lui donne, ici, une signification particulière et nouvelle. Quelque chose qui est hors de notre contrôle, que seul le public peut percevoir et interpréter. Ce lien entre politique et intimité, fiction et réalité, c’est la profondeur que je souhaite insuffler à mon théâtre et ainsi inviter les gens à la réflexion. Je ne cherche pas à faire du théâtre documentaire, mais du théâtre documenté ! »
Tiago Rodrigues met ces gens – qu’on nomme « humanitaires » – au centre du récit, en dépassant les différents programmes géopolitiques : « je veux visibiliser ces gens, leurs expériences intimes, et les histoires qu’ils m’ont confiées. Ils voient à la fois la souffrance dans le monde tout en faisant preuve de réflexivité et d’autocritique par rapport à leurs actions. Au risque d’être redondant : la leçon que nous apprennent les humanitaires, c’est simplement l’humanité. Et cette leçon fait la puissance du geste humanitaire. »
La sincérité, le partage et l’émotion sont au cœur du spectacle : « Je ne veux jamais faire passer un message ; juste apprendre, et nourrir ma curiosité, mes urgences, mes désirs. Mais je veux avant tout intéresser le public, partager une intimité particulière : celle que j’ai apprise de ces gens. Le rapport que j’entretiens avec ce monde est celui d’un artiste inspiré par la complexité de ce métier. J’essaie de la faire vivre à travers le filtre de la fiction et de la créativité théâtrale. »