Réfugié-e-s : non aux doubles standards !

Janine Dahinden 
Professeure d’études transnationales, UniNE

Nous assistons à une solidarité sans précédent de la part des Etats européens et de leurs populations à l’égard des personnes qui fuient l’Ukraine. Au niveau politique, la Suisse a introduit le permis S, encore jamais utilisé.

Après des décennies de durcissements successifs du système d’asile, il s’agit d’un grand pas vers un système d’asile plus humain.

Mais cette solidarité inédite met en lumière les doubles standards flagrants des systèmes européens appliqués à d’autres groupes de réfugié.e.s, notamment de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak ou de pays africains. En Suisse, les réfugié.e.s venu.e.s d’Ukraine au bénéfice d’un permis S ont des droits dont les réfugié.e.s avec un permis N ou F ne jouissent pas.

A titre d’exemple, le droit de travailler, vivre chez des particuliers ou emprunter gratuitement les transports publics. La solidarité avec les réfugié.e.s ukrainien.ne.s est souvent naturalisée à travers l’argument qu’iels sont des « Européens » comme « nous ». Il est à retenir que les représentations de l’altérité ou de similitude culturelle sont des résultats temporaires de questions géopolitiques, d’héritages historiques et de catégorisations, et pas le résultat d’une série d’attributs culturels et/ou phénotypiques prétendument objectifs.

Cet imaginaire d’un « nous » européen est ancré dans des représentations racialisantes dans le sens qu’il produit des refugié.e.s de première et seconde classe. Pensons aux pushbacks illégaux en Méditerranée avec des milliers de morts ou au profilage racial qu’on observe à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. L’accueil des réfugié.e.s d’Ukraine doit nous donner un levier pour améliorer les conditions d’accueil de tou.te.s les réfugié.e.s. Cette solidarité est la preuve que les pays européens peuvent mettre en œuvre une politique d’asile plus humaine.

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