En juin prochain, un recueil publié à la va-vite en 2006 à La Chaux-de-Fonds sera réédité dans des habits neufs, rebaptisé Le style sapin à couteaux tirés. Il rassemblait une série d’articles parus à l’époque dans « L’Impartial » et consacrés à l’émergence, entre 1905 et 1914, d’une déclinaison régionale originale de l’Art nouveau, le Style sapin, élan brisé dans un concert de polémiques et de règlements de comptes. A quelques actualisations près, ce feuilleton chauxois haut en couleurs n’as pas pris une ride.
Ce genre d’événement réjouit toujours un auteur. Il y a le temps de l’édition et le temps de la réédition. L’édition est un grand moment pour un jeune et pour un moins jeune écrivain. Sans publication, vous êtes peut-être écrivain mais rien ne le prouve. Un peu comme un muet qui se dirait chanteur. La publication est souvent l’aboutissement d’un long et sourd combat.
Le temps passe et les livres s’enchaînent. Ils se vendent un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout. On ne sait jamais vraiment pourquoi ils entrent dans telle ou telle catégorie. Les années s’empilent, s’échappent et déjà l’écrivain se surprend à se soucier autant de réédition que d’édition. Il a pu exister et existe encore grâce à ses publications. Comme l’écrivain lui-même, peut-être, certains de ses titres sont épuisés. Ou simplement introuvables.
Pour qu’un livre continue à exister, il faut qu’une réédition le ressuscite. La réédition sauve du pilon et de l’oubli. Vivre encore. Pour un écrivain, vaut-il mieux mourir jeune et vivre longtemps à travers quelques livres ou mourir vieux avec des livres oubliés ? A écrire encore et toujours, on multiplie les questions bêtes, n’est-ce pas ?
*Dernières publications : La Mort en gondole, roman, Zoé 2021 ; Pléthore ressuscité suivi de Une insomnie et autres nouvelles, réd. L’Aire bleue 2019.