Directeur des soins de la « Volta », Yann Bichsel a exercé la moitié de sa vie dans des consultations sans rendez-vous. Et il aime ça.
Installée juste devant l’usine électrique de La Chaux-de-Fonds, la Permanence Volta vient de fêter ses 4 ans. Du rhume au pied cassé, en passant par des infections diverses et variées, « la Volta » reçoit en moyenne trente patient-es par jour, soit plus de dix-mille par année. Le détail en compagnie du directeur des soins, Yann Bichsel.
Il y a des chiffres qui en disent long : à 47 ans, le directeur des soins de la Permanence Volta a passé plus de la moitié de sa vie à travailler dans des services d’urgences et de consultations sans rendez-vous. Vingt-quatre ans répartis entre Moutier, Saint-Imier et la Permanence Volta de La Chaux-de-Fonds depuis trois ans. Autant dire que rien ne l’effraie : « Ce qui est génial dans ce travail, c’est qu’il n’y a aucune routine. En un temps record, vous devez cerner le patient, ses symptômes et les soins à lui administrer. »
Labo et radiologie sur place
A la rue Numa-Droz 187, vous êtes reçu-e tous les jours du matin au soir, dimanches et jours fériés compris. Et le défilé est incessant. Vous pouvez passer à n’importe quelle heure de la journée, vous verrez des gens attendre d’être pris en charge. En moyenne, une trentaine de cas par jour. « En semaine, il n’y a qu’un seul médecin, deux les lundis et vendredis. Cela pourrait augmenter à l’avenir. Mais pour l’heure, il suffit que la patientèle vienne au même moment (sur l’heure du midi par exemple), et ça bouchonne. »
Le temps d’attente peut avoisiner les 60-75 minutes, mais guère plus. « Notre force, poursuit Yann Bichsel, c’est d’avoir le laboratoire et la radiologie sur le même étage que la Permanence. En quelques minutes, vous pouvez détecter une infection urinaire ou un ligament déchiré. C’est un avantage colossal pour le patient concerné. Mais cela freine fatalement le débit de la salle d’attente. »
20 % de patients sans médecin de famille
Parce qu’elle ne connaît pas ses patients par avance, la Permanence est en quelque sorte un indicateur de société. Si la formule des « petites urgences » est très courue, c’est que plus de 20% des visiteurs de la Volta n’ont pas (ou plus) de médecin de famille.
Le phénomène concerne tout le pays : il y a de moins en moins de généralistes et pour ceux encore en place, les consultations débordent. Si on ajoute à cela le renforcement des populations migrantes, qui n’ont pas non plus de médecin délégué, les statistiques de la Volta ne pourront que grimper dans les années à venir.
Trois questions sur la Volta
Si j’ai une assurance de base, puis-je venir à la Permanence Volta ? Oui. La Permanence Volta est une société privée. Mais une assurance de base selon le système LAMAL vous donne accès aux prestations de soins. Vous recevrez une facture à la maison à envoyer à votre caisse-maladie, qui vous remboursera selon les clauses de votre couverture. Sans assurance-maladie en Suisse, il faut payer sur place (cash ou carte).
Quels types d’urgence prenez-vous en charge ? Essentiellement les urgences de degré 3 et 4, que l’on appelle les « urgences debout ». « Nous avons parfois des urgences lourdes, tels que des infarctus ou des AVC », précise le directeur des soins Yann Bichsel. « Dans ce cas, nous nous occupons des premiers secours en attendant l’ambulance qui mènera le patient dans un établissement au plateau technique adapté. »
Prenez-vous en charge les enfants ? Oui. Si un enfant a des symptômes de traumatologie (fractures d’os, déchirures de ligaments, chocs violents, etc.), la Volta le prendra en charge sans autre. Pour des cas de médecine interne, cela dépend des cas et de l’âge.
