« Mon job ? Technicien orthopédiste »

Giovanni Sammali

Steven Recordon exerce un métier rare. Et captivant. « Voir une personne amputée remarcher, c’est fantastique. »

Orthèses, prothèses, corsets, casques correctifs pour bébés… Quand il parle de son job, Steven Recordon est inarrêtable. Ce Chaux-de-Fonnier de 26 ans, exerce comme maître-orthopédiste depuis 2020. « J’aime le contact et ce métier me permet d’exercer un travail manuel dans le domaine de la santé. » Après un stage chez un bottier, puis un de technicien orthopédiste, il a fait son apprentissage chez le spécialiste Botta à Bienne, avant de partir décrocher sa maîtrise à Munich, auf Deutsch bitte.

Aujourd’hui responsable à Neuchâtel de l’agence de Giglio Orthopédie, présente dans cinq villes romandes, il file d’un cabinet médical à l’hôpital, de l’atelier chez un patient, livrer prothèses de cuisse, corsets ou casques pour bébés, tous faits sur mesure. Et ajustés minute : « En un jour, un moignon peut varier de volume (frottement, rétention d’eau). Les mesures sont devenues plus précises, mais il reste une part de feeling. Il faut de l’empathie avec le patient. »

Les prothèses de jambe constituent son domaine préféré. « J’ai notamment réalisé une prothèse de cuisse complète, avec un pied articulé hydraulique et un genou électronique doté de gyroscopes situant le moment de la marche. Ou un prototype de genou avec un amortisseur de vélo ! Il a permis à une amputée genevoise de pratiquer à nouveau le ski. J’aime autant la prouesse technologique que le volet esthétique. La forme du mollet, la cosmétique pour que la prothèse ressemble le plus à une jambe naturelle. C’est une grande satisfaction quand un-e amputé-e peut remarcher sans qu’on remarque son handicap ou qu’on arrive à corriger une scoliose pour éviter une opération. »

Il vient aussi en aide à des personnes en situation de handicap. « Orthèses du tronc, casques protecteurs, ou orthèses anti-step qui font remonter la pointe du pied au moment de faire un pas », énumère Steven. Avec ce message pour tout jeune qui voudrait se lancer : « Ce job est plein de belles émotions. Par exemple, quand une patiente est complimentée sur ses jolies jambes par une de ses clientes n’ayant pas remarqué qu’elle portait une prothèse ! Ou quand un jeune garçon crie merci parce qu’il peut de nouveau sauter dans une piscine ! »

 

 

Casque correctif pour bébés : des parents témoignent

Non, la plagiocéphalie n’est pas une migraine qu’on attrape sur la plage ! Comme la brachycéphalie, ce terme désigne une asymétrie crânienne des bébés, dite « la tête plate ». Les casques correctifs figurent désormais dans la panoplie que proposent les orthopédistes. « Grâce à un scan 3D, il n’y a plus besoin de plâtrage. Impression 3D très précise, couleurs et motifs à choix : les petits le portent sans protester. Mais il faut agir vite, passé l’âge de 9 mois la boîte crânienne des petits se développant beaucoup moins, et moins vite, elle devient moins malléable et les résultats sont moindres. »

Gaelle et Bastian, parents d’une petite Zoé, témoignent : « Pour Luca, notre premier, on a noté l’asymétrie vers ses 4 mois. Nous avons consulté et tardé un peu à faire fabriquer un casque correctif : comme il avait une brachycéphalie (aplatissement de la partie arrière de la tête), c’était juste une question esthétique : il n’y avait pas de risque d’asymétrie pour les yeux ou les oreilles. Il l’a porté à partir de 6 mois. C’était un peu tard, mais avec une belle amélioration quand même. »

Pour Zoé, le couple n’a pas tergiversé. « Elle avait un « plat » sur le côté de la tête (plagiocéphalie). Le pédiatre nous a dit qu’un telle asymétrie pouvait influencer la vue, voire l’ouïe. Elle a porté un casque dès décembre 2021. Puis dès mars un second, adapté aux corrections déjà obtenues. » Au final, l’asymétrie a été réduite de plus de moitié passant de 1,9 à 0,8 cm !

Les réactions des gens quand on se promène avec un enfant casqué ? « Pour Luca, on a eu des regards bizarres et souvent la question « Mais qu’est-ce qu’il a ? » Avec Zoé, on a vu plus de gens qui savaient de quoi il s’agissait : ces casques se sont un peu démocratisés ! Il faut dire aussi que pendant la période hivernale, un casque passe plus inaperçu ! ».

Steven Recordon avec une partie de la panoplie du maître orthopédiste: casques pour bébés, orthèses, prothèse, etc. (photo Le Ô).
Steven Recordon avec une partie de la panoplie du maître orthopédiste: casques pour bébés, orthèses, prothèse, etc. (photo Le Ô).

Découvrez nos autres articles

En 2023, la ville du Locle a connu plus de 16 000 nuitées, sans compter celles de nos campings (aux Brenets et au Locle), ni