Le nouveau centre géant d’incinération devrait voir le jour en 2030. Si tout va bien. Un projet fou, mais où tout le monde gagne !
Le dragon brûleur de déchets va devenir plus gros encore. Géant même ! D’ici 2030, sur le site actuel, une méga-usine de valorisation des déchets brûlera 120’000 tonnes de déchets, venus des 50 syndicats et communes de l’Arc jurassien, d’Yverdon à Porrentruy. De quoi chauffer 14’000 ménages chaux-de-fonniers et produire l’électricité de 20’000. Et pas (trop) de frayeur pour l’environnement : l’impact va être réduit, si, si !, grâce aux nouvelles technologies !
Coût de la géantification pour Vadec : 255 mios. Plus une centaine pour Viteos, à entendre Patrick Herrmann, président du Conseil communal qui situe l’enveloppe à 350 mios. qui va plus que tripler les km de conduites de chauffage. Et pour les habitants « connectés », une assurance de chaleur à moindre coût .
« Tout le monde est gagnant : Vadec, Viteos ainsi que la Ville et ses habitants», se réjouit Patrick Herrmann, président du Conseil communal. L’hiver à 1000 m de la Métropole horlogère offre le décor idéal : « Nous sommes quasiment les seuls à pouvoir remplir les critères de rendement de la Confédération (80 % minimum), en exploitant la chaleur produite en direct. »
Brûler plus et mieux en polluant moins !
« Il faut refaire l’usine, on n’a pas le choix. Et c’est ici ou nulle part », insiste Emmanuel Maître, directeur de Vadec. Après 50 ans, il faut tout renouveler. En plus, les nouvelles technologies permettent d’atteindre 85 % d’efficacité (pour 80 % exigés). « Cette évolution va doubler la production d’énergie thermique tout en diminuant le coût d’incinération de 25 %. Les simulations sur la base des chiffres de l’usine de Perlen (LU) démontrent qu’on aura une nette amélioration de la qualité de l’air. Nous voulons même être 50% en dessous des normes de l’OFEV », rassure le directeur.
Le train sera privilégié pour amener ces déchets depuis les centres logistiques régionaux. « A l’avenir, si besoin, pourquoi pas des camions électriques ou à l’hydrogène ? La sortie de la H18 à 300 m sera un plus. » Tout comme le fait de partir s’un site existant. « Il sera remodelé : la cheminée plus au sud, plus loin des habitations et une zone verte pour le voisinage est prévue. On en est au préprojet, l’enveloppe architecturale doit encore être dessinée. »
Quid de l’usine de Colombier ? Elle sera reconvertie en centre de tri, et le CAD y sera basculé sur du bois de récupération.
Chantier de titans pour Viteos
Pour Viteos, le chantier de titans ne se refermera qu’en 2040. Les 24 km de conduites du réseau actuel de CAD (chauffage à distance) vont passer à 62 km (2030) puis 86 km (2040). Il va falloir en creuser, des fouilles, pour « écouler » les 168 GWh d’énergie thermique annuels. « On a dû s’assurer de pouvoir créer de tels débouchés », expose Josette Frésard, présidente de Viteos. Les autres défis : « Le financement, la synchronisation avec Vadec, et surtout, les forces et compétences, surtout en génie civil, à réunir », note Josette Frésard.
Qui rappelle que La Tchaux a été pionnière. « Le premier CAD de Suisse date de 1926, dans l’usine électrique de la rue Numa-Droz. » Le réseau d’aujourd’hui – près de 500 bâtiments greffés – faisait des frustrés. « Le CAD supprime tous les soucis. Une fois les gens connectés, ils n’en démordent plus. Plus encore avec la guerre en Ukraine et l’explosion des prix du gaz et du mazout », note Josette Frésard. Actuellement, le CAD est déjà devenu environ 30% moins cher.
Au Locle, le réseau de CAD existant au bois sera développé ces prochaines années.
Chiffres clés
1972-2022 : 50 ans d’incinération
2024 : Décision pour l’étape de construction
2025 : Début prévu des travaux
2030 : Mise en service
120’000 tonnes de déchets traités par année
86 km de fouilles d’ici 2040.
168 GWh d’énergie thermique vendue par année d’ici 2040. L’équivalent de 14’000 ménages
70 GWh d’électricité. La consommation de 20’000 ménages
