Ce premier épisode de l’histoire de l’école chaux-de-fonnière raconte aussi que cet enseignant fut vite… licencié !
On pourrait croire que l’école existe depuis la nuit des temps, comme les saisons ou la forêt, mais il n’en est rien et des efforts considérables ont été déployés pour bâtir notre instruction publique.
Jusqu’à la fin du 17e siècle, les enfants des familles aisées étaient instruits à la maison et ceux des familles pauvres couraient les rues jusqu’à ce qu’ils soient en âge de travailler.
Ouverture de l’école votée en 1688
En 1688, l’Assemblée de commune (ancêtre du Conseil général) de La Chaux-de-Fonds commença à se préoccuper sérieusement de l’instruction de la jeunesse et vota l’ouverture d’une école publique.
Un local adéquat fut trouvé : l’ancien corps de garde muni d’une fenêtre et d’un poêle, à côté du Temple. Le premier instituteur fut un réfugié huguenot qu’on dut licencier après quelques mois en raison de son mauvais accent et de sa préférence pour les courses en plein air au détriment de la discipline.
50 garçons… pas de filles
Il fut remplacé par un Moïse Ducommun dit Véron bien de chez nous, qui touchait un modique salaire pour apprendre à lire, compter et bien se conduire à une cinquantaine de garçons de familles modestes. Il devait de plus, pour le même prix, balayer le temple, sonner les cloches et remplacer occasionnellement le pasteur.
Les filles, elles, apprenaient la couture et la tenue du ménage chez des dames de la bonne société soucieuses de bienfaisance. Et les choses allèrent ainsi pendant près d’un siècle.
Loterie et dons lors des cérémonies pour financer l’instruction
En 1775, le village comptait 3’000 habitants et la nécessité d’agrandir l’école se fit sentir. Des citoyens éclairés ont alors fondé la Chambre d’éducation (ancêtre de notre Commission scolaire) et créé une loterie destinée à recueillir des fonds pour une nouvelle école. De plus, les habitants furent invités à faire un don à l’occasion de chaque mariage, baptême ou enterrement.
250 élèves dans… trois classes !
Hélas, le terrible incendie de 1794 vint compliquer l’entreprise. Mais nos valeureux citoyens ne se découragèrent pas et ils acquirent en 1799 le terrain de l’actuel no 11 de la rue Fritz-Courvoisier pour construire un “vrai” bâtiment scolaire.
En 1806, le nouveau bâtiment, enfin terminé, reçut 250 garçons (dont 50 à titre gratuit), répartis en trois classes.
A la fin de l’année scolaire, des prix récompensaient les meilleurs élèves et un cortège des promotions était organisé. A noter que les prix seront supprimés en 1868 car source d’inégalités !
En 1816, des citoyennes également éclairées se préoccupèrent du sort des filles en créant la Chambre de travail, institution destinée à leur apprendre la dentelle et la couture.
L’enseignement se fit d’abord chez des particulières puis, en 1819, l’institution réunit assez d’argent pour construire la maison Fritz-Courvoisier 27. Progressivement, les filles hébergées par la Chambre de travail suivront en parallèle l’école communale.