Que fait un médecin cantonal en cas de crise sanitaire et quel est son travail ordinaire ? La rue se le demande. voici ses réponses !
Interroger aux abords du Pod une trentaine de quidams, tous âges, sexes et nationalités confondus concernant la santé, révèle leur curiosité, à laquelle Claude-François Robert, médecin cantonal bientôt retraité, répond avec son sérieux légendaire.
Trois interrogations reviennent régulièrement : qu’en est-il de la grippe, du COVID et de la variole du singe pour l’hiver à venir ?
Une forte grippe vue en Australie cet été nous inquiète. Sur le front du COVID, tout est calme pour l’instant, pas de variant en vue. Mais le virus mute par petites vagues qui pourraient créer une nouvelle surprise et rien n’empêche la transmission. La variole du singe se transmet par les relations sexuelles. En 1984, au Cameroun où j’ai travaillé, j’y ai vu mon premier cas, je ne pensais pas en voir un jour ici. Les personnes à risque seront prochainement vaccinées.
A quoi attribuez-vous la méfiance qui persiste dans une partie de la population envers le vaccin du COVID ?
En tant que professionnel, je ne vois aucune raison rationnelle à cette méfiance. Elle est sans doute liée au mouvement petites graines, anti-vaccins. Je m’inquiète aussi de manipulation politique. Pour ma part, j’ai essayé d’expliquer que les effets secondaires sont possibles, mais le vaccin évite les complications graves. Après tout, la vie est dangereuse !
Comment défendre un vaccin mis aussi vite sur le marché ?
Les vaccins ARN font partie d’une nouvelle technologie sur laquelle la recherche travaille depuis vingt ans. Ces recherches étaient mûres pour en arriver à la création du vaccin et mettre en place rapidement une protection contre le COVID. Les séquences génétiques du virus ont été découvertes début 2020. Les études de toxicité sur les animaux puis l’homme ont débuté rapidement. Vu la circulation intense du virus, il était facile de mesurer les résultats des essais en double aveugle : vaccin injecté ou solution inerte. Dès avril-mai, les résultats étaient explicites : se protéger de l’infection était possible, surtout des complications.
En quoi consiste le job du médecin cantonal ?
Je fais appliquer la loi cantonale dans le domaine de la santé. Je suis le shérif des soignants, c’est moi qui suis tenu d’instruire une affaire en cas de non-respect de ces lois, ou par exemple dans le cas où le droit des patients n’est pas respecté. Je suis là aussi pour lutter contre les maladies transmissibles, surveiller les EMS, je fais partie de la commission de contrôle des droits en psychiatrie. La santé publique est un domaine très vaste.
Vous êtes devenu un personnage public pendant le COVID. Une différence entre avant et après ?
Oui, une sacrée différence. Pendant la phase tendue, on me remerciait dans la rue, je n’ai jamais dû affronter la moindre violence, fût-elle verbale. Un jour, une dame m’a même demandé de faire un selfie avec moi !
Vous avez mené des mandats en Afrique, vous étiez alors installé à Genève. Pourquoi ce retour à La Chaux-de-Fonds ?
J’ai fait de l’enseignement à Yaoundé et des recherches au Mali sur le paludisme. Puis j’ai travaillé durant 14 ans dans l’administration genevoise. Un jour, j’apprends que le poste de médecin cantonal est au concours dans le canton de Neuchâtel, c’était un nouveau défi. Une partie de ma famille est installée à La Chaux-de-Fonds.
On connaît moins votre deuxième casquette, l’écriture…
J’ai toujours été passionné par l’écriture et la littérature. Je pensais m’inscrire en lettres, mais quel avenir ? Prof ? Pas pour moi. Comme j’étais doué en sciences, j’ai choisi médecine, qui me permettait de travailler sur le terrain. Mais l’écriture ne m’a jamais lâché. Je travaille actuellement sur un 5e livre, un 2e roman… Y a encore du chemin à parcourir jusqu’à l’édition !
Dernière publication : Trois enquêtes de M., Ed. Sauvages, 2019.
Son polar est un OVNI littéraire
Alors qu’il entame les corrections de son deuxième roman, Claude-François Robert a publié en 2019 Trois enquêtes de M., trois récits en un, mettant en scène M – qui n’a, hélas, pas le charisme du boss de 007.
M recherche Cornelius Spiegel, une ombre, un fantôme, dont pourtant le nom apparaît ici et là, véritable défi pour ce triste flic au service d’un état qui pourrait rappeler la vieille Union soviétique dans toutes ses abominations et ses silences. Pauvre M, tortionnaire – pour la bonne cause politique évidemment – raison qui ne convainc pas son épouse, ex-championne de natation. Il y a néanmoins une bimbo à damner une âme communiste et une écriture sarcastique qui fait de ce curieux polar un OVNI littéraire.
