Photographe naturaliste d’une vraie sensibilité, Pascal Aeby ne claironne pas son talent : il saute aux yeux ! Tableau de sa chasse… aux images à la Résidence au Locle.
Je m’évertue à arrêter le temps. A rendre visible l’invisible. Le petit. Ou la magie de l’instant… ». Pascal Aeby parle doucement. Comme s’il était tapi dans une haie ! Longiligne, discret, bouille d’aventurier, il raconte la passion qui le poursuit depuis gamin : la nature et la photographie. Et il sait de quoi il parle : Master en biologie de l’UniNE, sur l’écologie des tourbières, puis 5 ans dans un bureau d’écologie appliquée (murs de pierres sèches, haies,…), et 20 ans d’enseignement.
Et maintenant ?
Depuis 2017, je tente la reconversion en photographe naturaliste. Ici et autour du monde. Auparavant, dans les années 90 et 2000, j’ai organisé des voyages pour le WWF et la FEE (Fondation d’éducation pour l’environnement), et formé des moniteurs.
Vous êtes un peu chasseur, non ?
Quand je me mets en piste, c’est pour partager les émotions que la nature me fait vivre. J’aime observer, suivre les animaux… Si l’animal vaque à ses occupations sans me détecter, mon plaisir est décuplé. J’irais donc contre ma nature et mes principes en le capturant. Ou en le chassant.
La chasse générale s’ouvre le 1er octobre. Votre regard sur cette pratique ?
En Suisse, la formation est complète, exigeante. Les chasseurs sont des passionnés de la nature. Leur pratique, réglementée et limitée, est nécessaire. Ils réalisent d’ailleurs des actions dans le terrain en faveur de la biodiversité. Je ne peux en revanche pas cautionner la chasse que j’appelle le flingage, où ça mitraille, et des pratiques comme la chasse à courre ou aux trophées rares à l’étranger. Hormis ces limites, comme beaucoup de monde, j’aime beaucoup manger la chasse…
Se reconvertir en photographe, facile ?
J’avais envie et besoin de me consacrer pleinement à cette passion. Côté finance, c’est difficile. Je fais des expos comme celle en cours à la Résidence au Locle. Mais il s’y vend peu d’images, pour quelques centaines de francs. Je veux développer une activité de conférencier pour présenter mon travail, la lecture de la nature (traces, écoute,…) et transmettre les émotions de la reconnexion avec l’environnement, de ressentir ce lien avec la nature qui nous nourrit et dont nous sommes l’un des constituants ».
« Tableaux de nature », Home La Résidence, Le Locle, jusqu’au 8 janvier 2023, chaque jour 9 h 30-17 h 30.