« Ch’veux du gris ! »

Myriam Wittwer

Sois belle et teins-toi ! Myriam Wittwer a posé pour la photographe qui explore ces injonctions. Témoignage.

Tout a commencé par une notification sur Facebook. Quelqu’un avait pensé à moi en découvrant le projet de Ghislaine Heger (lire encadré). Un projet qui m’a emballé à la seconde où je l’ai découvert. Mes cheveux ont toujours été une de mes rares fiertés. A vingt ans, j’adorais leurs reflets roux sous le soleil. Aujourd’hui, ce sont des nuances de gris qui éclaircissent ma chevelure, mais je l’aime toujours autant. 

 

« Je me sens jeune avec ou sans cheveux gris »

Il ne m’est jamais venu à l’idée de me teindre. Peut-être parce qu’aucune femme dans ma famille ne l’a fait avant moi. Peut-être parce que je me sens jeune, avec ou sans cheveux gris. Peut-être parce qu’à chaque fois que quelqu’un me le fait remarquer, c’est sous la forme d’un compliment. Je les porte bien, paraît-il. Alors j’ai eu envie de les montrer. Et des les montrer dans un cadre qui me tient à cœur, celui du Bois du Couvent, qui est si beau en automne.

La séance photos a été un moment d’échanges et de partage. J’y ai réalisé à quel point grisonner pouvait être difficile pour certaines. Je mesure la chance que j’ai d’aimer mes cheveux malgré le temps qui passe. D’avoir un conjoint qui accepte que sa femme n’ait plus vingt ans. Et de ne rencontrer aucune difficulté à ignorer joyeusement les inconnu·es qui aimeraient que je cache ce gris qu’ils ne sauraient voir.

Ces photos, et celles de toutes les autres femmes qui participent au projet, sont un hymne à l’acceptation de soi. Il y a mille et une manières de s’accepter telles que nous sommes. Avec ou sans cheveux gris. Avec ou sans teinture. Avec ou sans maquillage. Avec ou sans poils sous les aisselles. 

Je rêve d’un monde où les femmes seraient vraiment libres de choisir leur apparence. Demain, peut-être ?

 

 

Artistique et militant

« Belle, mais pas que… », c’est le titre de travail choisi par Ghislaine Heger, qui explore les injonctions imposées aux femmes, comme rester jeune. Pour beaucoup, les cheveux gris sont un tabou qui doit disparaître sous la teinture. 

La photographe est partie à la rencontre d’une vingtaine de femmes par canton romand, qui ont choisi de garder leur chevelure au naturel. « Certaines n’ont jamais fait de teinture, d’autres ont arrêté, notamment lors du confinement, quand les salons sont restés fermés », explique-t-elle. 

Le projet veut refléter cette diversité. Mais pas porter de jugement. « Chaque femme est libre de se sentir mieux en portant les cheveux teints. Mon travail montre qu’une autre voie est possible ». Car si le gris est synonyme de maturité chez les hommes, il est perçu comme signe de vieillesse, voire de négligence chez les femmes. Une perception que Ghislaine Heger espère aider à faire évoluer avec son travail, à découvrir en été 2023.

 

 

…Et dans l’objectif de Patrick Chollet !
Myriam Wittwer et ses cheveux gris dans l’objectif de Ghislaine Heger.
Myriam Wittwer et ses cheveux gris dans l’objectif de Ghislaine Heger.

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