Après Claire-Lise Droz, c’est JJC qui s’en est allé en ce début d’année. Dans La Suisse, L’Impartial, le Journal de Genève ou Le Temps, ses initiales ont ponctué tant d’articles, sur La Chaux-de-Fonds, le canton et son Val-de-Travers… Dans le Courrier neuchâtelois, Jean-Jacques Charrère signait du pseudonyme DuVallon, comme l’abstinthe du même nom qu’il a toujours produite, perpétuant avec jubilation et maestria la tradition familiale. Avec une aïeule comme La Malotte, figure légendaire de la bleue clandestine, et sa maman Marta, elle aussi plusieurs fois pincée par la Régie fédérale des alcools, mais qui reprenait aussi sec la distillation – « Il faut bien payer l’amende… » – il avait de qui tenir.
Avoir eu comme confrère ce grand journaliste, aussi fin limier que fine plume, a été une chance. Un bonheur de joies partagées, au fil des affaires, des dossiers et des bons tuyaux échangés sans retenue : c’est la passion de l’info et de l’enquête qui l’animait, au contraire de paparazzi de pacotille, en quête de dérisoires glorioles personnelles.
Cet écorché s’était retiré sur les canaux français, seul maître à bord de sa péniche. Il revenait bien sûr par ici, pour son absinthe, et pour y retrouver son épouse Nathalie Jaquet, ancienne journaliste, et leur fille Ella, dessinatrice précoce qui a signé toutes les étiquettes de l’abstinthe DuVallon, bien partie pour suivre les pas de ses parents.
Continuant de vivre sa région à distance, il restait agacé par les certitudes des dirigeants et décideurs. JJC, un temps conseiller général du groupement Forum à Fleurier, sera resté rebelle jusqu’au bout, capacité d’indignation intacte : il nous avait adressé il y a peu un coup de griffe au sujet de l’agrandissement de Vadec. Avec l’autorisation de son épouse, nous publions ce vendredi 20 janvier à titre d’hommage ce dernier papier, auquel il avait ajouté cette note de fin: « Ancien journaliste à l’Impartial, logé rue des Sagnes 18, près de… Cridor (Vadec) en 1976 ».
Nos pensées vont à Nathalie et à Ella, et à toutes les personnes qui ont eu plaisir à côtoyer ce personnage. Je lève à sa mémoire un verre de bleue, troublée par l’émotion.
Adieu, capitaine DuVallon.
Photos mises à disposition par son épouse Nathalie Jaquet et sa fille Ella