L’ascension de 1996 a laissé des blessures. Faut-il retenter l’aventure ? Quatre regards sur cette question qui divise.
Esprit gagnant, es-tu là ? On ne le répètera jamais assez : il est là ô combien cette saison. Onze victoires d’affilée avec le succès des Abeilles mardi à Sierre et pourquoi pas égaler son record de 12 victoires consécutives, samedi à la Gottardo Arena (16h), face au Ticino Rockets ?
A quatre matches de l’ouverture des play-offs, les fans rêvent de plus en plus de titre et de promotion. Mais le club reste prudent.
La dernière promotion du club, qui ne correspond pas à son dernier titre de champion, remonte à l’an 2000, lors de l’élargissement de la catégorie supérieure. La dernière ascension auréolée du titre de champion de LNB date de 1996. Sous la houlette de Riccardo Fuhrer, les Abeilles étaient venues à bout de Grasshopper en finale. Le club des Mélèzes retrouvait la LNA, 16 ans après sa relégation.
Louis Matte : « Gare, une nouvelle saison commence ! »
« Une telle saison n’est pas la première chose que j’imaginais quand j’ai signé avec le club en mai ! », sourit Louis Matte. Alors que certains rêvent déjà de voir les Abeilles faire leur retour dans la catégorie reine, l’entraîneur calme le jeu : « Je n’ai pas signé pour des rêves (rires) ! ça serait beau, mais avant tout, il faut rappeler qu’avec les play-off, une nouvelle saison commence ».
Pour l’heure 2e du championnat, le HCC devrait affronter le 7e, le EHC Basel. « Il ne faut pas penser que les play-offs vont être faciles et encore moins les prendre à la légère. En regard de nos résultats, nos adversaires n’ont rien à perdre contrairement à nous. Certaines équipes veulent racheter leur saison et lancent toute l’énergie du désespoir dans la bataille. »
Un gros morceau que l’équipe devra avaler étape par étape, mais qui ne fait pas peur au Canadien : « L’état d’esprit est bon. Les joueurs ont accepté leur rôle et apportent chacun leur pièce à l’édifice. C’est ce qui fait notre force. Si ça à fonctionné pendant plus de 40 matchs, il n’y a pas de raison que l’on passe à côté. »
A peine arrivé à la tête des Abeilles, Louis Matte a-t-il les épaules assez larges pour conduire ses hommes en National League ? « J’ai oeuvré 15 ans dans cette catégorie ». Faut-il rappeler qu’il a été assistant de Chris Mc Sorley à Ge/Servette ? Le ton est donné. « La National League est un autre niveau que certains joueurs n’ont jamais connu. Mais d’abord gagnons ces play-offs. »
Loïc Burkhalter : « Il faudrait au moins 10 mios »
« Monter en National League n’est pas l’objectif premier ». Entraineur assistant, Loïc Burkhalter rappelle que le club s’était fixé de terminer dans les quatre premiers du championnat en début de saison. Contrat rempli ! « L’appétit vient aussi en mangeant et on espère que ces play-offs refléteront ce qu’on a montré jusqu’à présent. Et faire au moins autant bien que l’an passé, en atteignant les demi-finales. »
Si le HCC a déjà reçu début décembre l’accord de promotion pour la saison prochaine par la commission des licences de National League, d’autres équipes se pressent au portillon. « Olten et Sierre veulent monter à tout prix. Ce sont deux grosses équipes. A moins qu’Olten fasse un faux pas et qu’on sache en profiter, les Soleurois vont terminer premiers du championnat. Et contre Sierre, ce n’est jamais facile. » Son équipe s’est toutefois imposée 2-6 mardi soir à la patinoire de Graben.
Le retrait de la Swiss League annoncé par Langenthal ne risque-t-il pas de tuer l’attractivité du championnat ? « Il ne faut pas toujours voir le négatif. D’autres bonnes équipes vont monter. »
Avec les dernières prolongations de Stefan Rüegsegger et de Lucas Matewa et les signatures d’Anthony Huguenin et de Sandis Smons, Loïc Burkhalter pense déjà à l’avenir : « Je fais en sorte d’avoir l’équipe la plus cohérente et compétitive possible avec le budget dont je dispose. » Il ajoute que « pour évoluer en National League, il nous faudrait un budget minimum de 10 à 12 millions ». C’est-à-dire le double qu’aujourd’hui.
Leonardo Fuhrer : « Nous avons appris à gagner. Peut-être devrons -nous apprendre à perdre… »
Vingt-sept ans après le dernier titre de champion de LNB et la promotion du HCC entrainé alors par Riccardo Fuhrer, son fils Léonardo est en passe de vivre les mêmes émotions. « J’ai des souvenirs de cette promotion. Je me suis même retrouvé sur la glace, avec mon papa ! Là, je veux écrire ma propre histoire. Monter serait fantastique, et tous les joueurs vous diront la même chose ! », s’exclame l’attaquant de 30 ans. Non sans un brin de retenue.
« Je suis un sportif, je veux aller le plus haut possible, découvrir la National League et gagner de l’expérience. Cette année, nous avons appris à gagner, à haïr la défaite. Si nous montons, je ne me fais pas d’illusions : nous devrons apprendre à perdre. Mais ça renforcera notre caractère. »
Le club devrait peut-être faire la place pour de nouvelles abeilles sur la glace. « Sans vouloir parler pour mon directeur sportif, nous avons une équipe jeune que je sens capable de tenir le choc en National League. Après, il faut gérer toute la saison, et ça, c’est une autre histoire. Nous devrions faire des ajustements. D’autres équipes l’ont fait et je pense qu’on est capable d’en faire autant », lâche-t-il.
« Pour cette saison-ci, la 2e place ne nous intéresse pas ! » Les ambitions sont claires. Avec le retour de joueurs blessés plus d’éventuels renforts pour les play-offs, le HCC a tout en main pour flamboyer jusqu’au bout. S’il résiste à la pression qui commence à peser sur lui !
Parole de fan : « Finir comme Ajoie ne nous fait pas rêver »
« Nous voulons remettre les patins en National League, mais finir comme Ajoie ne nous intéresse pas : ça ne fait pas rêver… », lance d’entrée Jonathann Humbert-Droz, du Groupe des Ultras. Pour rappel, les Jurassiens ont battu l’an passé le record de 18 défaites consécutives, jusqu’alors détenu par… le HCC et Lausanne avec 15 défaites d’affilée.
« Les dirigeants du club font un excellent travail en signant des bons joueurs, mais malgré ça, nous ne sommes pas encore prêts à monter. Il faut laisser le temps pour que les choses se mettent en place », analyse-t-il. « Monter trop vite, ça ne pardonne pas. Avant tout, on souhaiterait voir plus de monde aux Mélèzes pour soutenir notre club de cœur ! On a vu contre Olten : quand le public chante et pour l’équipe, elle arrive à arracher la victoire (réd. victoire à la dernière seconde des prolongations le 17 janvier, devant 3140 spectateurs). »
Passer une saison de plus en Swiss League, au risque de perdre l’élan ? « Avec le retrait de Langenthal, même au niveau ambiance, ça ne sera pas la même chose. C’est un des rares clubs de cette catégorie où les supporters font toujours le déplacement en nombre. En entend aussi dire que la National League pourrait fermer. Il faudrait monter avant. À voir qui les dirigeants signent encore. Kloten a réussi à se débrouiller, et malgré une entame difficile, aujourd’hui ils gagnent des matchs… » Alors pourquoi pas le HCC ?
Naming de la patinoire : ça patine !
Retrouver la National League dans une patinoire flambant neuve. Le rêve. Si une aide du fond fédéral CISIN va venir (maximum 10% du total) grâce à la création d’un centre national de danse sur glace, le reste du financement reste à trouver, sans l’aide du Canton.
« Le projet avance bien », rétorque Michel Villarejo, chef du Service des sports. Rapport au Conseil Général l’automne prochain, début des travaux en 2024. « La 2e piste sera aussi couverte et la principale pourra accueillir 5’500 spectateurs. Nous voulons un outil qui aide le HCC à évoluer. Un centre d’hébergement sportif sera aussi intégré ».
Et pour réunir les fonds pour cette rénovation (le budget est monté à 25 mios), le projet aura besoin du soutien d’une marque de la région qui donnera son nom au complexe (naming). « Le Service de promotion économique attend que le projet soit validé au plan politique. Le montant sera à la hauteur de ce qui a été projeté ! », promet Alessandro Arcieri, qui dit avoir informé des grandes entreprises de cette opportunité. Bonne chance : la BCF Aréna a décroché 10 mios sur 20 ans et la Vaudoise Aréna, 5 mios.
L’action de soutien fait carton plein !
Déjà 7’500 francs : la vente aux enchères de 5 maillots spéciaux portés le soir même lors du match contre Thurgovie (8-1) a bien lancé l’opération. Le No 47 d’Anthony Huguenin a été acquis pour 2’000 francs !
L’objectif est de lever comme en 2022 des fonds au profit de la jeunesse défavorisée de la région. Avec la vente de raclette qui a suivi et les 27 autres chandails encore en vente sur Ricardo jusqu’au 31 janvier à 22h, le club espère atteindre… 20’000 francs !
En ligne, le plus coté pour l’heure est celui du top-scorer Toms Andersons, à 610 francs. Qui dit mieux ? Le bilan final sera annoncé lors du dernier match du championnat, le 5 février, contre Bâle.
