Le Col-des-Roches à l’épreuve de l’histoire

Olivier Kohler

Quand l’Allemagne du Troisième Reich contrôlait la frontière et que des Loclois et des Chaux-de-Fonniers partaient combattre l’Espagne franquiste aux côtés des Brigades internationales.

Le Col-des-Roches, témoin de l’histoire et des tumultes du monde. En 1940, quand la Franche-Comté et toute la région du Val de Moreau tombe aux mains des forces du Troisième Reich, des militaires français passent clandestinement la frontière avant d’être internés dans des camps en Suisse. Prélude à cette tragédie mondiale, la guerre d’Espagne (1936-1939). Des anarchistes et des communistes du Locle et de La Chaux-de-Fonds partent rejoindre le front en Espagne. Pour combattre aux côtés des Brigades internationales. Les Montagnes fourniront la moitié du contingent suisse. De nuit, ils franchissent eux aussi clandestinement la frontière du Col-de-Roches pour gagner la France et l’Espagne. Beaucoup y laisseront leur vie, avant même d’avoir pu quitter Barcelone.

 

Blaise Cendrars, reporter de guerre

C’est le début d’une décennie de terreur qui va s’abattre sur l’Europe. Témoin de cette tragédie mondiale, Blaise Cendrars, devenu reporter de guerre, témoigne du bombardement de Arras : « Ce n’est pas possible, tant de choses, tant d’événements, tant de malheurs, tant de lâchetés – panique, batailles perdues, morts, malades abandonnés dans un hôpital qui brûlait, orphelins divaguants, fous lâchés en liberté. »

« Comment imaginer aujourd’hui des milliers de jeunes gens
franchir clandestinement et spontanément une frontière pour aller porter secours à un peuple écrasé par un totalitarisme ? »

La Chaux-de-Fonnière Jenny-Humbert Droz, qui a porté des idéaux et combattu tout au long de sa vie au côté de son mari Jules, Secrétaire de la Troisième internationale communiste a été l’un des acteurs engagés et l’un des témoins attentifs de l’élan de solidarité des Montagnes neuchâteloises pour la cause des Républicains espagnols. Envoi de vivres, d’habits chauds et de jeunes volontaires, partis combattre dans l’espoir de vaincre la terreur franquiste et défendre la liberté et démocratie.

Le 28 octobre 1938 marque symboliquement l’adieu de l’Espagne républicaine aux volontaires étrangers. Barcelone va vivre une ultime journée de liesse avant de tomber quelques mois plus tard aux mains des forces franquistes. Démobilisés, les rares combattants suisses à avoir eu la vie sauve reviennent au pays. Ils sont arrêtés, jugés et condamnés pour avoir combattu au service d’une force armée étrangère. A l’aube de leur vie, certains ont été réhabilités.

Il y a vingt ans, La Chaux-de-Fonds rebaptise la place du Stand en mémoire aux combattants des Brigades internationales. L’une des rares villes de Suisse avec Genève à avoir rendu hommage aux 800 brigadistes suisses partis défendre la République espagnole contre le soulèvement franquiste.

Le drapeau allemand flotte à la sortie du tunnel du Col-des-Roches après l'invasion de la France en juin 1940. (Photo : Hermann Kohli)
Le drapeau allemand flotte à la sortie du tunnel du Col-des-Roches après l'invasion de la France en juin 1940. (Photo : Hermann Kohli)

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