Plusieurs milliers de boîtes de Kleenex vides, de mouchoirs en papier entassés autour d’un miroir qui n’aura vu que les trous de son nez, quelques billets roulés ruisselants de morve, voilà ce que laissera Pierre Palmade comme trace dans l’histoire, quelques traces de pneus également et quelques autres plus durables, dans la vie de ceux qu’il a croisés en coup de vent au petit matin alors qu’un café et un jus de citron auraient suffi à lui donner un petit coup de fouet, pas sur les fesses, je tiens à le préciser. L’humoriste Pierre Palmade, disons plutôt Pierre Palmade, ou encore plus simplement Palmade qui n’a depuis bien longtemps plus rien d’un humoriste, mais qui en garde néanmoins et nez en plus les dividendes, remplit davantage les hôpitaux que les salles de spectacles. Pour lui, c’est ça le vide et c’est ça le comble.
Ce fringant quinqua aux yeux hagards et rougis par les larmes de la culpabilité pure à 80% et aux joues creusées (est-ce du fait d’un nouveau régime à base de gingembre et de petites graines qu’un nutritionniste lui a conseillé au sortir d’une ribouldingue parisienne ou parce qu’il pratique le jeûne assidûment ?) a découvert le frontal alors que c’est plutôt un habitué du coup du lapin. Mais qui sommes-nous pour juger ? Il fait ce qu’il veut de sa vie même s’il fait aussi ce qu’il veut de la vie des autres. Depuis longtemps, il utilise sa modeste plume à d’autres fins qu’à l’écriture d’un sketch.
La police lui a mis la main dessus, ce n’était pas celle qu’il attendait. Les bracelets n’étaient pas attachés à son lit mais à la table d’interrogatoire. A l’entendre, il ne souffre pas seulement d’addiction mais d’un Alzheimer précoce. (Je ne peux m’empêcher de citer ce très fin jeu de mot que m’a glissé dans l’oreille une vieille pote qui travaille dans un grand supermarché dont je tais le nom pour ne pas faire de pub et où elle demande à longueur de journée la carte Cumulus…) « Mademoiselle, l’addiction, s’il vous plaît ! » Fin de citation.
Il a pris le volant, il s’est réveillé aux soins intensifs et entre les deux : un gros trou noir. C’est le courage des justes. Le devoir de mémoire. Comme le dira plus tard l’avocat de la défonce : « Mon client a perdu connaissance car il est très gravement allergique au gluten sa cocaïne étant coupée avec de la farine ! »
Loin de moi vouloir m’acharner sur la dépouille chancelante de ce qu’il reste de Pierre Palmade mais n’oublions pas qu’il n’y a pas de fumée sans beuh. Souhaitons-lui néanmoins un prompt rétablissement et qu’il parvienne à trouver la rédemption et un nouvel avenir, loin des médias…par exemple en ouvrant un Ped&Breakfast près d’une école maternelle dans la banlieue de Medellin.
