Les loyers vont-ils aussi grimper ?

Robert Nussbaum

La hausse attendue du taux de référence le 1er mars pourrait autoriser des propriétaires à augmenter les loyers. Y compris sur le marché des Montagnes neuchâteloises ?

Tout augmente. Après l’essence, l’alimentation, l’assurance-maladie et l’énergie, les loyers ? Certains propriétaires auront la latitude de le faire, pour autant que le taux de référence en matière de loyer – une variable liée au taux hypothécaire – passe de 1,25%, actuellement, à 1,5% ou plus, ultérieurement. Si les locataires sont logés à un taux équivalent. Ce taux est défini tous les trimestres par l’Office fédéral du logement. Une hausse d’un quart de point permettrait ainsi une augmentation de loyer de 3%, soit 45 fr. pour 1500 francs. Prochaine échéance le 1er mars. Et l’anniversaire de la République neuchâteloise n’y changera rien…

Le directeur de la Chambre immobilière neuchâteloise, Yann Sunier, tempère : « Cela ne concernerait que les nouveaux locataires, ou ceux qui ont systématiquement demandé une baisse de loyer quand le taux descendait (3,5% en 2008) ». Et puis, il y a une inertie entre la hausse du taux hypothécaire et ses répercussions sur les propriétaires selon la durée de leur contrat. Pour l’instant, Yann Sunier n’a pas reçu de demande de renseignements de propriétaires sur le sujet (en revanche beaucoup sur l’augmentation des charges de chauffage). Mais il pense que cela pourrait venir si le taux augmente le 1er mars.

« Je ne pense pas que la hausse de loyer sera systématique, même si c’est possible », réagit Fabrice Bolliger, à la tête de l’importante gérance locale du même nom (8000 objets locatifs). Il évoque des échéances hypothécaires à relativement long terme pour certains propriétaires, mais aussi le marché immobilier des Montagnes neuchâteloises, pour le moins détendu, avec un taux de vacance de 3,9% à La Chaux-de-Fonds et de… 6,2% au Locle (chiffres de juin 2022). « Ce sera le choix individuel du propriétaire en fonction de ses charges, avec le risque de voir ses locataires partir pour moins cher ailleurs ».

 

Pas de décision de la Ville

Son de cloche différent du côté de l’association de locataires Asloca. Son président Jonathan Gretillat dit surtout son inquiétude devant l’augmentation pernicieuse des loyers, même sans hausse du taux de référence. Il cite une étude suisse faite à la demande de l’Asloca qui constate qu’entre 2005 et 2021, les loyers ont augmenté de 22% alors que le coût de la vie n’a pris dans le même temps que 3,8%. En point de mire, les augmentations souvent illégitimes lors de changement de locataires. Et l’avantage du marché immobilier ouvert du Haut par rapport à celui du Bas (1,3% de taux de vacance à Neuchâtel) ? A double tranchant : en dessous du taux de pénurie de 1,5%, un propriétaire à l’obligation d’indiquer le loyer du précédent locataire. Pas dans les Montagnes…

Retour à la hausse du taux de référence des loyers. Par la voix de sa responsable Sophie Jacopin, la gérance de la Ville de La Chaux-de-Fonds, propriétaire de 650 appartements, nous communique sobrement que « à l’heure actuelle, aucune décision d’augmentation de loyers n’a été prise ».

 

 

Dans le temps…

Enfin, l’avis de Dominique de Reynier (Gérance Métropole, 700 appartements) sur cette hausse prévisible du taux : « Je ne me suis jamais préoccupé de la hausse du taux, il faudrait qu’il grimpe vraiment en flèche pour que je me penche sur la question ». Notre interlocuteur pense en plus que ce n’est pas le moment, avec les difficultés économiques actuelles. Pour lui, sa petite gérance est familiale. Il a passablement de vieux locataires, dont les loyers n’ont pas bougé, ni à la hausse, ni à la baisse d’ailleurs. L’une d’elles vient de mourir. Elle payait encore 280 francs par mois… Un autre temps !

Avec dans les 800 appartements vacants, La Chaux-de-Fonds est loin d’une situation de pénurie. Mais cela n’empêchera pas forcément des augmentations de loyer.
Avec dans les 800 appartements vacants, La Chaux-de-Fonds est loin d’une situation de pénurie. Mais cela n’empêchera pas forcément des augmentations de loyer.

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