On ne touche pas à mon bonnet. C’est une relique sacrée qui aura passé plus d’hivers que ceux qu’ils représentent. Le Crédit Suisse est mort. Place au Discrédit Suisse, AG, nouvelle place financière helvétique, le coffre-faible de la nation. Mon bonnet revit ! Bonnet décrié, bonnet moqué, bonnet humilié, mais bonnet libéré !
800’000 bonnets distribués. Quel coût de génie ! Le Crédit Suisse, Ze banque ! Si elle a son bonnet, la direction a ses benêts. Jamais nommés, ni condamnés, toujours en place, bien arrosés malgré le manque d’eau. C’est de la faute à personne. C’est la conjoncture.
De tous mes divorces, la seule et unique chose que j’ai gardée, c’est mon bonnet du Crédit Suisse.
Maintenant il vaut bien plus que mon 2e pilier, qu’une Action, et que ma retraite. Je le mettrai en vente en temps voulu. Je laisse encore grimper la valeur des pellicules et le prix des poux qui seront bientôt côtés en bourse.
Avant, celui qui portait un bonnet CS était un pauvre con qui traînait déjà ses guenilles sur les trottoirs des villes pauvres, donc généralement passablement enneigées. Des Kassos qui avaient finalement moins froid aux oreilles que les boursicoteurs. Ceux qui le portaient voulaient juste garder la tête froide. Sachant que tout ça, c’était juste pour se protéger des parachutes gelés.
Puis les premiers Bobos s’en sont emparés comme fer de lance de leurs combats de fils à papa qui conchiaient le bouseux, le toisant du haut de leur balcon de certitudes.
C’était leur luxe des classes. Des p’tits cons en bus VW et de l’additif au plomb, acheté sur Anibis à s’enivrer de clichés Ovomaltine, les premiers à passer à la banque pour obtenir le prêt hypothécaire financé par papa-maman.
Grâce aux pauvres les banques ont réussi à s’enrichir, grâce aux banques, les pauvres ont réussi à s’endetter. Je reste très emprunté même si tout ça manque de crédit.
Comme le disait ma grand-mère, tenancière du Fucking Macumba Blue Boy de Cormoret : « Mieux vaut avoir les bourses en action que les actions en bourse. »
