Oser s’arrêter

Alexis Stawarz, 22 ans
Étudiant en lettres et sciences humaines à l’UniNE

Ose-t-on encore s’arrêter ? Tout va si vite, le freinage peut se révéler brutal, abrupt. Comment sauter du train qui, à toute vitesse, file vers nos obligations ? Comment s’extraire de l’avion élancé vers la stratosphère du travail ? La chute peut faire mal. Et la vitesse brouille tout autour de soi : on ne sait pas où l’on risque d’atterrir. Et à quoi bon ? Il faudra bien, à un moment ou à un autre, reprendre place dans le train, dans l’avion, rattraper le retard accumulé, réaccélérer pour épouser la vitesse tout aussi confuse qu’ordonnée.

Sautons. À la chute, succède la rencontre avec le sol, dont le choc avive un profond sentiment de culpabilité. Pourquoi avoir sauté si c’est pour souffrir et se torturer ? Voilà le train déjà loin, comment le rattraper ? Et où se trouve-t-on ? Dans cet espace où l’habituelle vitesse est abolie, la confusion règne. Les sens ne peuvent s’agripper dans cette nébuleuse encore inexplorée.

Puis, tout finit par se révéler dans une exquise limpidité. Tirés de leur sommeil, les sens s’éveillent et s’émerveillent au contact de ce qui, par le temps sans cesse accéléré, était voué à l’amnésie et à une affligeante trivialité. Les chaleureuses odeurs qui chatouillent les narines ; les couleurs dont l’éclat délicat caresse la prunelle ; le chant du vivant qui carillonne aux oreilles ; les saveurs de l’air qui satisfont les papilles ; la chaleur de la terre frémissant sous les doigts ; tout enrobe ce corps et cet esprit qui avaient oublié où ils étaient et qui pourtant ont la chance d’être en vie. Parfois, il faut oser s’arrêter pour ces petites choses qui méritent d’être contemplées.

 

Découvrez nos autres articles

En 2023, la ville du Locle a connu plus de 16 000 nuitées, sans compter celles de nos campings (aux Brenets et au Locle), ni