L’édition neuchâteloise au XVIIIe siècle

Michel Schlup

S’il est une activité un peu oubliée aujourd’hui qui a fait rayonner le nom de Neuchâtel dans le monde, c’est bien l’édition.

Dans les années 1770-1780, la Principauté de Neuchâtel, est en Europe, un des grands pôles du commerce du livre. Elle compte trois imprimeries où travaillent une centaine de compositeurs et de pressiers recrutés en France, en Belgique, ou dans les Allemagnes. Ce personnel cosmopolite souvent bruyant et instable, imprime à tour de bras les livres à succès du moment, des œuvres romanesques, des livres de voyage, des pamphlets politiques, ou des livres philosophiques. Ces livres sont envoyés en feuilles dans de grosses balles chez des libraires disséminés dans toute l’Europe. Certaines iront jusqu’en Russie, par la voie du Rhin et la mer Baltique ; d’autres prendront le chemin de l’Italie, traversant les alpes à dos de mulets. Dans les ateliers, l’effervescence est à son comble lorsque les imprimeurs reçoivent la visite de leurs auteurs, des écrivains français remuants, tel le fantasque Mirabeau, fêté par toute l’aristocratie locale, venu surveiller l’impression de ses pamphlets et de ses textes érotiques.

Principal artisan de cette activité florissante, l’imprimeur Samuel Fauche (1732-1803) était connu dans l’Europe entière pour avoir signé (i.e. prêté son nom) en 1765 les dix derniers volumes de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert et diffusé la production littéraire la plus sulfureuse du siècle. Au cours d’une vie tumultueuse, aux accents romanesques, il a eu le privilège de traiter avec les plus grands écrivains de la République des lettres dont Rousseau et Voltaire qui l’accueillit à sa table.

 

Dernière parution : Un imprimeur dans l’Europe des Lumières, Samuel Fauche (1732-1803), Neuchâtel, Alphil, 2022.

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