Comment se sortir de la catastrophe écologique actuelle

François Hainard

L’anthropologue Philippe Descola vient nous proposer de nouveaux projets de société. à ne pas manquer le 9 mai au club 44

Dans le cadre des manifestations Big Bounce organisées conjointement par l’ABC, le TPR et le Club 44, et en collaboration avec l’Université de Neuchâtel, Philippe Descola, successeur de Claude Levi-Strauss, Professeur émérite au Collège de France titulaire d’une chaire d’anthropologie de la nature, interviendra pour nous proposer des pistes de sorte à enrayer la catastrophe écologique en cours. Son propos sera en lien avec son dernier ouvrage Ethnographies des mondes à venir (cosigné avec le bédéiste Alessandro Pignocchi), Seuil, 2022.

C’est une chance de recevoir Descola, monstre sacré de l’anthropologie contemporaine, qui nous invitera à imaginer des formes alternatives d’habiter notre planète. Son analyse est construite sur la base de ses expériences de terrain d’il y a une cinquantaine d’années chez les Achuars, une tribu Jivaro, de la forêt amazonienne à cheval sur le Pérou et l’Equateur. 

Les trois ans qu’il a passés dans la jungle donneront lieu à de nombreuses publications. Si son expérience de terrain est racontée dans Les lances du crépuscule. Avec les Indiens Jivaros de haute Amazonie (Plon, 1993), c’est surtout dans son ouvrage Par-delà nature et culture (Gallimard, 2005) que Descola énoncera son modèle théorique de la construction d’un monde élaboré sur quatre modèles d’identification à la nature qui permettent de percevoir les continuités et discontinuités entre les choses. Avec l’exemple des Achuars, animistes, il nous fait quitter l’héritage catastrophique de l’opposition dualiste cartésienne entre nature et culture, initiée et confortée généreusement chez nous par l’idéologie judéo-chrétienne. Ces modèles de pensées nous ont conduit au naturalisme, désastre actuel de notre environnement, ici exclusivement physique, avec la domination utilitariste par un être humain qui en est devenu seul maître et possesseur. 

C’est que pour les Achuars, comme pour Descola, « la nature n’existe pas ! » puisqu’invention de notre civilisation ! Les non-humains ne sont pas des objets. Eau, plantes et animaux sont quasiment des partenaires sociaux, presque des parents (par alliance) ! Ils ont une âme et une vie propre, une intériorité partagée, et il est possible de communiquer avec eux dans certaines circonstances, par des incantations ou par les rêves. Dès lors ils constituent l’essentiel des rapports sociaux. Ces considérations se traduisent par des relations et des savoir-faire techniques et agronomiques respectueux qui deviennent exemplaires. Séparer l’homme et la nature, comme nous le faisons dans nos sociétés, ne conduit qu’à transformer celle-ci en « ressources », muettes et soumises à notre contrôle, conditions suffisantes pour organiser la destruction de notre planète.

Sur la base de son expérience amazonienne, Descola reste à la recherche de manières alternatives d’habiter notre planète, éloignées de la course suicidaire au profit et des sirènes du consumérisme effréné qui nous habitent. De la réalité achuar à celle de la Zad de Notre-Dame-des-Landes, les expériences sont nombreuses et tendent à se multiplier. Elles doivent donner naissance à de nouvelles organisations et à de nouveaux territoires autonomes pour que les hommes puissent imaginer leur destin commun sur de nouvelles bases.

Une conférence qui révolutionne notre réflexion sur notre environnement et sur les enjeux écologiques que nous vivons.

 

Club 44, mardi 9 mai, 20h15 : Ethnographie des mondes à venir. Comment penser de nouvelles cosmopolitiques ?
Réservations possibles par e-mail : info@club-44.ch

L’anthropologue Philippe Descola (Photo : Roscot-Pleutin)
L’anthropologue Philippe Descola (Photo : Roscot-Pleutin)

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