Une maman : cette personne capable d’amour et de soin

Dunia Miralles
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Un souvenir de tendresse

Plus d’un tiers des habitants de la ville a, selon mes estimations, une maman qui vit ailleurs. Souvent à l’étranger, parfois à l’autre bout de la Suisse. Une mère que l’on ne célébrera pas en présentiel. Depuis toujours, la mienne me répète : « Ce n’est pas grave. Je n’ai jamais compris ces festivités. » Elle a sans doute rejoint les femmes pour qui ces réjouissances sont synonymes d’évènements mercantiles. A moins qu’elle ne garde un souvenir terrifié du collier de macaronis, colorés à la gouache, qu’elle s’obligeait à porter pour m’éviter une déception et l’amère impression qu’elle rejetait mes cadeaux. Dans le fond, peu importe que cette fête ne rime à rien pour elle. Qu’ils nous plaisent ou pas, on ne peut guère passer à côté des rites dont les médias et les commerces nous rappellent l’existence.

Alors oui, ce jour-là je voudrais pouvoir me téléporter pour la serrer dans mes bras, pour lui dire que malgré la distance et les silences, je l’aime et ne l’oublie pas.

Mais l’absence n’est pas uniquement engendrée par l’éloignement. Il y a aussi les enfants, car à tout âge on reste l’enfant, dont la maman se trouve dans un home avec la mémoire dévorée par la maladie d’Alzheimer. Les enfants qui ont perdu la leur et que plus personne ne regardera d’un amour inconditionnel. Les enfants qui disent « je n’ai pas eu de mère, juste une génitrice » parce que la leur n’a jamais été capable d’amour ou de soin. Des gens pour qui cette fête éveille peut-être un vide, un désespoir, un ressentiment. A elles et eux, j’ai envie de dire que l’amour reste dans les souvenirs. Qu’une mère c’est aussi cette personne qui a soufflé sur nos genoux écorchés, qui a séché nos larmes lorsque nous pleurions, qui a su créer un contact lorsque nous en avions besoin.

Peu importe que cela ait été une institutrice, un éducateur, une voisine, un grand-père ou une tante. Dans l’idéal de cette fête, le mot « mère » est davantage synonyme de tendresse que d’accouchement. En cela, toute personne proche et aimante a pu être une maman. Peut être considérée comme une maman.

(Dessin : Nicolas Sjöstedt)
(Dessin : Nicolas Sjöstedt)

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