Gastr Hôpital…

Vincent Kohler

Mon médecin de famille, à l’époque où il y en avait encore, me disait toujours : « Les vitamines, c’est dans l’assiette. » Comme il avait raison. Qu’il est loin le temps où nos mamans dociles en tablier impeccablement immaculé – qui trompaient tout de même leur gentil mari travailleur avec le musculeux Mister Proper –mitonnaient de délicieux petits repas équilibrés où petits pois et épinards faisaient la joie des bambins en culottes courtes…puis elles s’émancipèrent laissant ainsi à William Saurin le loisir de gaver tels des oies les enfants de la société industrielle. Petit enfant deviendra gros. Mais ne remuons pas la plaie autour du couteau. 

Où peut-on trouver une bonne table à La Chaux-de-Fonds ? C’est vrai que la question peut légitimement se poser. Il y a certes de très bons établissements comme Caque Donald ou autres délices à la viande recomposée et également décomposée, des brasseries aux plats maison pré-cuisinés, un ou deux restaurants où l’on pelle encore les patates à la main mais où l’addition à contrario du plat demeure trop salée. Il y a néanmoins une table qui devrait mériter l’attention du Service de la consommation et des affaires vétérinaires, celle de l’Hôpital de La Chaux-de-Fonds ! L’abject sous vide, on ne peut pas servir d’ignobles spaghetti tièdes, appelons-les plus simplement des vers de pâtes, recouverts d’une mare de sauce en boîte même à un grabataire en fin de vie. Un condamné à mort à Hunstville a droit à une côte de bœuf aux morilles pour son dernier repas. 

Cette chose immonde doit être dénoncée à la Convention de Genève, à la Cour Européenne des Droits de l’Homme et au TPI pour génocide alimentaire à grande échelle. Est-ce une pression des assureurs afin de tuer les patients plus vite de manière à libérer des lits et ainsi baisser les coûts de la santé ? 

Le cuisinier est-il dépressif à l’idée d’ouvrir tous les jours des barquettes de plats pré-cuisinés par les toqués de l’agro-alimentaire ? Et comme le disaient des Inconnus en entrant dans la 864 : 

-Oh mon Dieu, tu as vomi tout ton repas !

-Non, je ne l’ai pas encore mangé.

 

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