La Chine rouge vif

Olivier Kohler

Invitée du Club 44, la politologue française Alice Ekman met en garde contre le renouveau idéologique de l’hyper puissance chinoise et ses conséquences pour le monde. Décryptage.

Longtemps l’hypothèse a été communément répandue ici en Occident que la Chine avait définitivement tourné la page du communisme. Hyperpuissance capitaliste emblématique d’une mondialisation désenchantée, le géant asiatique allait se transformer et épouser les valeurs libérales et démocratiques de l’Occident. Une lecture du monde naïve et erronée, aux yeux de la politologue française Alice Ekman, l’une des plus éminentes spécialistes européennes de la Chine. « Plus les orientations de la présidence de Xi Jinping s’affirment, plus il est clair que cette hypothèse ne tient pas et qu’il est grand temps de la réévaluer au regard des évolutions récentes. L’idéal communiste n’est de loin pas mort en Chine, il s’est même renforcé ». Tout comme le rapprochement entre la Chine et la Russie sur le plan militaire et économique.

Le marteau et la faucille sont toujours bien là. Un recadrage idéologique initié et amorcé par le président chinois Xi Jinping, au pouvoir depuis 2012. « L’époque d’une Chine ouverte est révolue. Sur le plan politique et sociétal le parti communiste s’est renforcé. Avec une référence permanente au maoïsme et au marxisme-léninisme », explique Alice Ekman.  « On assiste à un recadrage global du parti avec un discours toujours plus marqué d’un rejet de l’Occident considéré comme responsable de toutes les grandes crises du monde. C’est une situation à prendre très au sérieux. Il ne faut en aucun cas sous-estimer la force de la Chine ».  Une réaffirmation de cet ancrage idéologique qui marque aussi un tournant dans la géopolitique internationale et le nouvel ordre mondial en devenir. 

Dans son dernier ouvrage, « Dernier vol pour Pékin », Alice Ekman développe une nouvelle thèse : la dissociation des mondes entre Occident et Orient. Deuxième puissance économique sur le plan mondial, la Chine est loin d’être marginalisée. Son influence s’accroit dans le Sud Global et les pays en voie de développement. A la tête du plus grand réseau diplomatique, la Chine entend affirmer sa suprématie. Sur le point de supplanter les Etats-Unis sur le plan économique, elle a construit avec fulgurance une coalition de pays amis, au premier rang desquels on trouve la Russie. Il n’est pas inconcevable que la guerre en Ukraine n’est peut-être que le prélude à un conflit encore plus grave entre la Chine et les Etats-Unis, dans un contexte de tensions économiques, commerciales et technologiques toujours plus marquées.

Pour la sinologue Alice Ekman, la Chine renforce son influence sur le plan mondial en cultivant un discours anti-occidental. (Photo : Club 44)
Pour la sinologue Alice Ekman, la Chine renforce son influence sur le plan mondial en cultivant un discours anti-occidental. (Photo : Club 44)

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