Bon sang de pour cent !

Robert Nussbaum

Le match en cours pour le soutien à la culture et au sport fait jaser. Mais où en sont les deux initiatives « 1% » ?

Depuis le coup de gueule d’Alexandre Houlmann en novembre dernier (Le Ô du 25 novembre), le débat secoue la scène et les arènes neuchâteloises. En question : la redistribution des fonds publics entre la culture et le sport, pour l’heure avec avantage à la première. Une situation qui aurait par exemple pu mettre en péril l’organisation d’une arrivée du Tour de France sur le Pod. La bataille des deux camps, qui ont promis de jouer en équipe, se déroule aussi par médias interposés. Le Ô fait le point sur la situation.

Dans le canton, deux initiatives politiques sont dans le pipe-line, pour que l’Etat soutienne davantage l’une et l’autre. La première émane des milieux culturels, qui réclament que soit inscrit dans la loi, que le Canton consacre au moins 1% de son budget à la culture. Les sportifs ont presque immédiatement suivi avec une initiative copiée-collée pour 1% minimum consacré au sport. Elles ont toutes deux été validées en automne 2021.

Mais attention : les initiatives ont été validées pour le nombre de signatures, mais pas avalisées. Il a fallu plus d’un an d’arguties juridiques pour que les initiatives soient déclarées recevables. Le problème ? Avec trop de pour cent imposés au budget, la machine étatique risquerait de se gripper. Mais, ouf, ce n’est que 2 fois 1 égal 2…

Retour au billet d’humeur. La Fédération neuchâteloise des actrices et acteurs culturels (FNACC) a vite réagi par un communiqué de presse. Sous la signature de son trésorier chaux-de-fonnier Mathias Gautschi, ce communiqué dénonce comme « funeste » l’opposition faite par le journaliste entre culture et sport. Pour la FNAAC, le vrai problème, c’est que ces deux domaines sont considérés par l’Etat comme secondaires. Leur mise à zéro activités, ou presque, pendant la pandémie, en témoigne.

« Les budgets alloués à la culture comme au sport se réduisent et les subventions sont sans arrêt à renégocier », note Mathias Gautschi, qui appelle l’Etat à rattraper son retard sur les autres cantons en terme d’engagements fermes. D’où le double pour cent imposé par les initiatives. On peut noter au passage que la manière neuchâteloise a fait école. Une initiative « 1% » pour le sport a aussi été lancée dans le canton de Vaud.

A Neuchâtel, la FNAAC en appelle maintenant à un front commun entre culture et sport. « Tout le monde grogne mais il serait contre-productif de partir à la bataille en ordre dispersé », relève Mathias Gautschi. Un contact a été pris avec la FeNeSpo, la jeune Fédération neuchâteloise des sports, créée il y a un peu plus de deux ans pour fédérer les acteurs sportifs après le coup de sifflet de la pandémie.

Vice-président de la FeNeSpo, le tout aussi chaux-de-fonnier Alexandre Houlmann, juge aussi qu’il est temps pour l’Etat de s’engager fermement dans les deux domaines essentiels pour la santé de la population que sont le sport et la culture. S’il note des différences de traitement (Alexandre Houlmann raconte que lorsqu’il siégeait au Grand Conseil lors de la précédente législature, seuls deux députés se sont levés pour défendre le sport, lui et Jean-Claude Guyot), Il ne veut clairement pas opposer sport et culture. Un front commun ? « A ce stade, nous n’avons pas encore défini de stratégie », répond-il à titre personnel.

FNACC et FeNeSpo ont encore le temps d’accorder leurs violons, s’ils veulent peu ou prou jouer la même partition. Le Conseil d’Etat a encore plus d’un an et demi pour rendre un rapport. Qui passera ensuite au parlement cantonal, avant que les initiatives sport et culture ne soient éventuellement soumises au peuple. On est en Suisse, non ?

Pour les initiateurs du 1% culturel, opposer sport et culture revient à vouloir diviser pour régner. Des subventions essentielles notamment pour les grands événements comme le Tour de Romandie. (Photo : Patrick Chollet)
Pour les initiateurs du 1% culturel, opposer sport et culture revient à vouloir diviser pour régner. Des subventions essentielles notamment pour les grands événements comme le Tour de Romandie. (Photo : Patrick Chollet)

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