Andreas Jurt : le lion blessé rugit encore

Giovanni Sammali

L’ancien hockeyeur devenu banquier a secoué le jeu d’attaque de la promotion de la Ville. Il s’en va après 18 mois, réfutant la critique : « On ne marque pas à tous les coups ! »

Fan du « yes, we can » américain, il a des mots forts et il aime bien se raconter, Andreas Jurt. La fausse modestie n’est pas sa tasse de thé et l’ancien hockeyeur devenu banquier puis financier se défend de vendre du vent. Consultant pour le service économique de la Ville (SECO), ressuscité il y a 17 mois, il a formé un tandem avec Alessandro Arcieri. Si ce dernier poursuit l’exercice, intronisé responsable du développement économique de la Ville, avec un taux d’occupation augmenté, Jurt ne fera plus partie de l’équipe dès ce mois de juillet. Exit le Dr en management et titulaire d’un Executive MBA ! Quelques ricanements ont bruissé dans la Métropole horlogère. Le Ô s’est permis une rubrique « Des Bas » intitulée ironiquement « Andreas ya ou Jurt ? ». L’intéressé n’a qu’à moitié goûté. Le dernière édition du journal officiel Le Tourbillon lui vaut un camouflet : l’article qui présente le bilan du SECO ne mentionne même pas son nom. Crève-coeur ? Andreas Jurt se rit de ce manque de classe. Même blessé, le lion rugit encore. « Ce n’est pas le Watergate », tempère celui qui dit apprécier de ne plus être pris, « à tort », pour un employé de la Ville. L’ancien gardien n’a pas peur des missiles pernicieux au moment de défendre son bilan qu’il rendra fin juillet. Et surtout, il entend bien continuer de sortir ses griffes pour donner un mordant diversifié à sa ville de cœur, « hélas décrétée de l’extérieur comme un royaume de la médiocrité où les passables sont rois… ». Rencontre.

Reconnu pour sa grinta d’oser, il s’est fait fort de déployer son énergie et son réseau, dont la profondeur a été saluée par l’Autorité communale, à l’enseigne des trois D. « Définir une politique de domiciliation en diversifiant le tissu économique. Une démarche qui passe par la valorisation de nos atouts immatériaux, comme la santé, la fraicheur à 1000 mètres, etc ».
L’événement phare de son passage aux affaires a été le Forum de création d’entreprise. « La 2e édition est fixée au 7 septembre. Ce rendez-vous nous profile comme une ville qui soutient de façon proactive les start-up. Avec un suivi : je conseille quatre des participants de la 1re édition pour leur business plan et la recherche de capitaux, comme mandataire et non pas comme comme employé de la ville ».

Mais un grand rendez-vous va se tenir le 30 juin déjà, alors que son mandat sera encore en cours (il se termine à fin juillet). « Notre 2e Paradigme Bitcoin réunira dans la Métropole horlogère les jeunes talents passionnés de cryptomonnaies et de la blockchain ».

 

Revenu disponible après impôts : La Tchaux bien placée

Parmi les actions mises en place, il a conceptualisé un sondage auprès d’entreprises de la place employant pendulaires et frontaliers, qui est à bout touchant. « L’idée est de voir pourquoi les gens ne saisissent pas le gain en pouvoir d’achat, outre celui en qualité de vie, à venir s’établir ici. Le montant à gagner se chiffre en milliers de francs par an », s’enflamme l’ancien directeur du Credit Suisse, banque à l’origine de l’enquête sur le revenu disponible après impôts, qui situe La Tchaux dans le peloton de tête, « alors qu’elle n’est que 874e sur 944 au classement des communes suisses de la HandelsZeitung, établi à l’aune de la qualité de vie et du développement », tonne Jurt qui salue à cet égard le récent engagement d’un conseiller d’aide à l’établissement par la Ville : « Un signal fort qui va dans le bon sens. »

L’encadré ci-contre liste d’autres projets initiés par le consultant au développement de l’attractivité de la Métropole horlogère, qui prévient : « Tous ne se réaliseront pas, mais ils dégagent tous de l’énergie, un élan ! » Et le député PLR se dit certain que les contribuables sauront apprécier ce que ses honoraires généreront en nouveaux débouchés pour La Tchaux.

Concernant sa relation avec son Conseiller communal de tutelle, Jean-Daniel Jeanneret, Andreas Jurt est clair : « Je salue l’intelligence pragmatique de « JD » (ndlr : petit nom du grand argentier communal). On voit que lui a aussi travaillé dans le privé. Je me retire avec le sentiment d’avoir réussi une belle phase de lancement, avant même le terme de mon mandat. On voulait que je prospecte l’économie du nouveau monde. Je suis parti sans boussole et je pense avoir trouvé le nord. Et quand on me parle des succès de la promotion économique du canton à l’époque du duo Karl Dobler – Francis Sermet, je note qu’ils avaient beaucoup plus de moyens, et dans la durée, que je n’en ai eu. »

 

 

Un bilan jalonné de pistes et de projets

Après une carrière de gardien de hockey, Andreas Jurt, a présidé le mouvement junior du HCC pendant 6 ans. Il est aussi le premier joueur du HCC à intégrer le conseil d’administration du club. 

  • Cleantech. Sous le leadership de Microcity et du NECO, projet InnoSuisse pour créer un écosystème à l’enseigne de l’économie circulaire de proximité, soutenu par Berne. L’idée est de rapatrier des centres de recherche dans les Montagnes, dont une antenne de l’EPFL.
  • MATIS. Nouvelle technologie de vérification de l’authenticité des tableaux, en collaboration avec le MBA, qui sera valorisée et médiatisée en novembre dans le cadre de l’exposition Léopold-Robert.
  • Séries TV. Au vu du succès d’auteurs de polars de la région, l’idée de créer un studio pour réaliser, selon leurs récits, des séries pour Netflix ou la RTS.
  • Régie immobilière. Création d’une plate-forme offrant en un coup d’œil l’ensemble des appartements disponibles.
  • Médecins. Le recrutement de généralistes et de pédiatres, en main du médecin de la Ville Souhail Latrèche, se poursuit. « Avec un plan d’action pour convaincre les médecins assistants en hôpital de s’installer dans les Montagnes ».
  • Pistes horlogères. Mise en valeur des horlogers indépendants et des secondes mains, via « Phygital » (ndlr : contraction de physique et de digital) Montres collaboratives avec artistes associés à chaque série ; pendules neuchâteloises réinventées (partenaire pour la distribution en Europe trouvé).
  • Cybersécurité. Projet encore confidentiel de joint-venture entre un leader informatique mondial et un partenaire local pour créer une société hautement spécialisée dans la cybersécurité et le local cloud.
  • Satellites. Possible domiciliation d’une société américaine ayant développé des satellites permettant des avancées écologiques en agriculture notamment.
  • Affaires militaires. « Le volume de contre-affaires pour la Romandie est d’un milliard de francs. Avec nos compétences microtechniques notamment, on peut en viser une partie ».
  • Rapatriement primes d’assurances. « Sous ma casquette de député PLR, je vais déposer un postulat pour créer une entité dans le canton et y rapatrier environ 100 mios de primes. Une étude de Nicolas Babey de la HEG-Arc m’a donné l’idée ».
  • Coworking. Collaboration au développement de l’espace de coworking La Chaux-de-Fonds et apport de sponsors, par exemple pour les conférences TEDx au MIH.
  • Crowdfunding. Projet de plateforme avec une banque locale pour soutenir des Neuchâtelois dans des projets à l’appui du plan climat cantonal.
Andreas Jurt, Chaux-de-Fonnier depuis 33 ans, et fier de son bilan. L’ancien hockeyeur a dégagé de nouvelles pistes de développement économique de la ville. (Photo : gs)
Andreas Jurt, Chaux-de-Fonnier depuis 33 ans, et fier de son bilan. L’ancien hockeyeur a dégagé de nouvelles pistes de développement économique de la ville. (Photo : gs)

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