Mon vol annonce son atterrissage imminent. La sensation de la descente me grise. Un piqué sur l’aile droite : plaisir intense. Ça y est, le train a frappé le tarmac. On y est, New York, un jour de septembre, je suis heureuse de me poser dans cette mégapole. Un détour de quelques jours pour me nourrir d’art et de culture, juste avant que le monde ne s’arrête de tourner. Il fait frais, la ville est bondée, pas de taxis à l’horizon, mais j’arrive enfin dans l’un de mes quartiers préférés, Chelsea Market.
Soudain, attirée par une fragrance saisissant tout mon être, un parfum d’orient tel un radar, m’emmène à serpenter entre les devantures gourmandes et colorées; j’inspire profondément et accélère le pas. M’y voilà. Un étal oriental d’où s’échappent des senteurs enivrantes.
Je suis transportée en une fraction de seconde dans ta cuisine, grand-mère, celle de mon enfance et de ton attentionnée présence.
Le propriétaire du stand me propose des dégustations de sa fabrication maison, douce et sucrée : le « halva » aux mille déclinaisons m’est offert dans de petits godets flanqués d’une mini-cuiller. Je m’évade et revis les instants de bonheur, de senteurs, de couleurs que tu me prépares en rentrant de l’école: ton «halva» à toi, grand-mère, fraîchement cuit à la semoule mélangée au miel et au beurre, rayonne d’effluves au caramel, au chocolat, à la vanille, à la menthe poivrée. Elles parfument l’horizon et ondulent telles de douces vagues accostant de la Méditerranée que tu as depuis si longtemps laissée derrière toi de ton passé lointain et bousculé.
Au coeur de New York, les parfums subtils de ton « halva » jaillissent de ma mémoire intemporelle. Ils m’accompagnent et n’ont pas d’âge.
Membre des Plumes Nomades
Gravure-Ecriture & Les Ateliers de Soi
