Ne lui donnez par du grand patron ou du capitaine : il s’en défend, même si c’est bien lui qui tient la barre du paquebot culturel du plus grand événement annuel des Montagnes. Portrait d’un directeur humble et discret, mais rassembleur et efficace
Sage, diplomate et surtout fin stratège ! Hugues Houmard, discret directeur du Festival de La Plage des Six Pompes qui démarre ce samedi s’est prêté au jeu du portrait pour le journal Le Ô, le plus proche des partenaires médias de l’événement phare des Montagnes neuchâteloises. En poste depuis 2022, après avoir œuvré à la communication de l’événement depuis 2014, il se dévoile, mais en évitant les sujets qui pourraient froisser ici ou là. Ainsi, il botte en touche la question du regard qu’il porte aujourd’hui sur la situation du site chaux-de-fonnier du Réseau hospitalier neuchâtelois, six ans après le succès de l’initiative pour deux hôpitaux. Il avait pourtant œuvré avec le comité d’initiative et le GTIH, groupe de travail interpartis pour l’hôpital. Hors sujet, tranche-t-il. N’empêche que cet élément de son CV pose l’attachement du personnage au rayonnement de sa ville d’adoption. Voici ses réponses.
– Mais qui est Hugues Houmard, directeur de La Plage ? Brossez-nous votre portrait express !
– Enfance et jeunesse dans les Franches-Montagnes, CFC dans la technique, s’engage dans l’événementiel culturel aux Journées photographiques de Bienne à la fin des années 1990, travaille à Expo.02, devient administrateur de la Case à Chocs, participe à la création du 1er réseau de vélos en libre-service et rejoint l’équipe de La Plage en 2014. Aime les bonnes bières artisanales, le cinéma, la lecture, le théâtre, le snowboard et le cyclisme (à la TV).
– Votre première fois à La Plage ?
– À la fin des années 1990, j’habitais encore les Franches-Montagnes. Souvenir de spectacles à la place des Marronniers. Et bien sûr mon arrivée dans l’équipe des coordinateurs en juin 2014. La plongée dans le maelström du Festival.
– Le moment préféré du « patron » ?
– La séance des bénévoles, le jour précédant le début du Festival. La majorité d’entre elles et eux sont présent-e-s à la place des Marronniers. Que d’énergies rassemblées dans un même lieu : le Festival peut démarrer !
– Votre pire moment ?
– L’attente des réponses aux multiples demandes de soutien. Les dernières arrivant fin juin, jusqu’au dernier moment, on attend anxieusement le facteur chaque matin.
– Boisson et plat préféré pendant La Plage ?
– Le gin tonic du P’tit bar. Avec la qualité des repas des cuisiniers de la Guinguette, tous les jours c’est un festin. Mais les lasagnes, ça reste un must.
– Les critiques « y avait qu’à », « faudrait plutôt que », (y compris de médias comme Le Ô…) vous inspirent ou vous exaspèrent ? Ou les deux !
– Il y a un fort lien entre les Chaux-de-Fonniers et La Plage. Mais La Plage de 1999 n’est plus celle de 2023, et ne sera pas celle de 2027. Toute l’équipe et le comité qui organisent la manifestation ont une faculté remarquable d’adaptation et de remise en question. Mais il est parfois difficile de communiquer ces changements et ces adaptations aux autorités, aux commerçants et aux habitants.
– Le trac ?
– Oui, juste avant mon discours à l’apéritif officiel…
– La Plage, un phare dans l’agenda régional. Estimez-vous le soutien des autorités à la hauteur du rayonnement de l’événement ?
– Assurément un événement avec un rayonnement national et international, l’une des manifestations culturelles les plus fréquentées du canton. En comparaison avec des événements similaires en Suisse et en France, le Festival est sous-financé par les autorités. En ayant atteint les limites du financement par le public et les entreprises privées, La Plage ne pourra pas continuer, à la fois à maintenir la qualité de sa programmation et à améliorer la rémunération de ses équipes.
– Votre coup de cœur de cette année ?
– Le spectacle Heavy Motors de la Société Protectrice de Petites Idées, les 4 et 5 août.
– La Plage 2024 ?
– Une édition qui nous obligera à réfléchir à nouveau à nos lieux de jeu et de convivialité avec les travaux à la place du Marché. Mais aussi à réfléchir à nos sources de financement et à nos coûts.
– La plage 2027 (Capitale Culturelle) ?
– La Plage sera partie prenante de la programmation de Capitale Culturelle. Se déclinera-t-elle en plusieurs périodes, en une période étendue durant l’été, des déambulations chaque semaine ? On a encore un peu de temps pour y réfléchir et répondre aux appels à projet. Et on est certain-e-s que d’ici là les autorités auront compris l’importance d’assurer son financement à la hauteur de son rayonnement !
– La Plage en 2035 ?
– La Plage se déployant tout le long du Pod, puisque les voitures n’y circuleront plus et que le nouveau tunnel ferroviaire reliera le Haut avec le Bas en 15 minutes.
– Une nouveauté de l’édition 2023 ?
– Les capsules audios présentant la programmation. Un projet d’inclusion que l’on retrouve sur notre site web et dans notre app.

Coup de tonnerre : Plage et 1er août annulés !
Un point presse l’a annoncé mercredi à 17h30. La décision avait été prise après les derniers repérages du matin. « Cette décision s’imposait, mais elle a été la plus difficile à prendre, car elle touche à l’âme de La Chaux-de-Fonds », avoue Jean-Daniel Jeanneret, qui dit avoir espéré jusqu’à ce mercredi matin de pouvoir assurer la tenue de ces rendez-vous populaires. « Ce serait périlleux, voire téméraire, de réaliser ces événements. On ne se le pardonnerait pas s’il y avait un accident », a lâché le ton grave le président du Conseil communal.
L’édition 2023 ne peut pas avoir lieu: trop dangereux d’accueillir une foule de festivaliers dans la ville dévastée comptant trop de bâtiments non sécurisés…
« Les 30 ans de la Plage n’auront pas lieu cette année. Nos équipes ressentent une vive émotion et une grande tristesse », réagit Hugues Houmard, directeur de l’événement. « Nous préparons l’événement depuis 14 mois. Une énergie incommensurable a été déployée. Nous sommes en solidarité avec les personnes et les entreprises sinistrées, mais aussi avec les compagnies et artistes qui devaient se produire plusieurs jours ici en étant payés au chapeau. Au total, avec nos bénévoles, ce sont 500 personnes de La Plage qui subissent cette décision… »
L’impact financier d’une annulation « si près du but » sera un défi à surmonter. « Mais la sécurité de l’ensemble de la population prime », a conclu Hugues Houmard.
Comité du 1er Août solidaire aussi
Les festivités du 1er Août sont elles aussi annulées. C’est donc un double coup dur, moralement et symboliquement, pour la cité meurtrie. Les organisateurs du 1er Août disent comprendre la décision des Autorités, même si elle va aussi les impacter financièrement.