Batteries : la capacité de stockage électrique doit tripler d’ici 2040 !

Patrick Fischer

L’abandon progressif du charbon et du pétrole pose des défis de taille. Le point avec Michael Canonica, de l’unité énergie renouvelable du CSEM

Les batteries sont essentielles à la transition énergétique. Avec la voiture électrique et l’abandon progressif du charbon et du pétrole, le monde aura besoin de 50 fois plus de capacité de stockage en 2040, selon l’Agence internationale de l’énergie.

Le CSEM est au cœur de cette course aux batteries du futur, qui seront plus performantes et plus respectueuses de l’environnement. Champion de la recherche photovoltaïque, le CSEM a inauguré au mois de février un nouveau centre de recherche à Neuchâtel, le Battery Innovation Hub. Financé par la Confédération et la Banque cantonale neuchâteloise, il est unique en Suisse… et il recrute ! Plus de 50 personnes devraient y travailler en 2026.

Michael Canonica est responsable adjoint de la Business Unit Sustainable Energy au CSEM. Il évoque les enjeux pour Le Ô.

– Pourquoi la batterie joue un rôle majeur dans la transition énergétique ?
– Parce qu’elle permet de stocker l’énergie, de faire tampon ! Elle accumule l’énergie solaire durant la journée et la restitue le soir et la nuit quand il n’y a plus de soleil.

– On pense aussi aux voitures électriques. Quels sont les autres marchés ?
– Les batteries sont indispensables pour l’électromobilité du futur. Mais elles sont partout, dans nos smartphones, nos laptops… elles remplacent aussi nos bons vieux générateurs à essence. On voit un changement radical de la combustion vers des systèmes à batteries.

– Les batteries ne sont pas un cadeau pour l’environnement, quel est le défi majeur ?
– Le recyclage ! Comment gérer le recyclage final, récupérer les métaux précieux… là il y a encore du travail, de la recherche à faire. Ou encore, comment donner une seconde vie aux batteries de voitures électriques, en les utilisant par exemple, pour le stockage d’énergie solaire.

– Votre but, une batterie sans lithium ?
– Bonne question ! On travaille déjà à diminuer les quantités de lithium car c’est un élément qui est cher et qui existe en quantité limitée.

-Sans lithium, c’est possible ?
-On ne sait pas encore ! On peut faire des batteries avec autre chose que du lithium mais est-ce la meilleure solution en termes de poids et de performance ?

– Sur quelles innovations travaille le BIH ?
– Il y a 2 axes. Les batteries de type solid state, où l’on remplace le composé liquide par des polymères, ce qui est plus sûr. 2e axe, leur management, on vient placer une électronique de contrôle sur les batteries pour évaluer leur état de santé, un potentiel défaut et surtout prolonger leur durée de vie.

– Des batteries intelligentes ?
– Oui. Avec le « battery management system » on peut imaginer collecter quantité de données sur le fonctionnement et le vieillissement des batteries, et les transmettre à un algorithme qui optimiserait leur fonctionnement.

– Des retombées locales ?
– Bien sûr. Des batteries très compactes et plus performantes pourraient être utilisées dans l’horlogerie. Pour les montres à quartz l’autonomie est importante, encore plus avec les montres connectées qu’il faut recharger souvent. De plus, les technologies développées au CSEM pourraient être transférées à des entreprises de la région.

– La place de la Suisse sur ce marché ?
– L’Asie produit 90% des batteries utilisées dans le monde. Nous recherchons plutôt des marchés de niche.

– La batterie… de vos rêves ?
-Légère, pas d’autodécharge, une grande densité d’énergie, facilement recyclable, et complètement sûre.

– Pourquoi sûre, elles sont dangereuses ?
– Une batterie lithium-ion qui part en court-circuit peut s’enflammer !

– Électrifier tout le parc automobile, possible ?
– C’est un sacré challenge ! On peut y arriver mais cela implique d’installer beaucoup de stations de recharge et de réadapter les réseaux électriques.

Cette page éco-durabilité est réalisée avec le soutien de :

 

Légère, sans autodécharge, recyclable, et sûre : la batterie dont rêve Michael Canonica. (Photo CSEM)
Légère, sans autodécharge, recyclable, et sûre : la batterie dont rêve Michael Canonica. (Photo CSEM)

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