Laurent s’barre

Vincent Kohler

Cher Laurent, vraiment très cher.

À l’annonce de cette terrible nouvelle, celle de ton départ anticipé, mon sang n’a fait qu’un tour. C’était comme une onde de choc, un coup. Estomaqué, abasourdi comme après un uppercut, je ne savais plus que faire, j’ai appelé et j’ai crié, crié, Laurent ! Mais seul l’écho de mon désarroi et de ma souffrance injuste me répondit. Pourquoi ? Pourquoi Laurent ??? J’ai beau tourner et tourner la question dans ma tête bourdonnante d’incompréhension, je n’arrive pas à trouver la moindre réponse. Quand tout cela va-t-il s’arrêter ?

Après la mort de mon hamster, voilà qu’un autre drame vient frapper à la porte de ma vie…Ton départ. Laurent reste ! Dois-je donc te supplier, verser toutes les larmes de mon corps pour que tu puisses daigner m’écouter ? Dois-je demander congé demain augmentant ainsi les coûts de la santé qui te sont si chers ? Toi, Laurent, toi, au sommet de ton art, magnant la politique comme un maître des échecs, toi, l’homme qui a su mener de front la guerre contre le Virus, toi qui seul contre tous a tenu tel un roseau face aux vents froids venus du haut, toi qui te Berset d’illusion d’un jour pouvoir lui ressembler, non Laurent, je t’en prie, ne te contente pas de n’être que le pâle reflet d’un conseiller transparent… Tu mérites bien mieux, Laurent tellement mieux. Oui, bien sûr, tout le monde est remplaçable. Tu vas laisser un énorme vide qui était déjà abyssal quand tu étais là mais qui sommes-nous pour juger !

Certaines mauvaises langues de bœuf sauce câpres disent que tu pars le cœur léger mais l’emprunt lourd pour ne pas devoir affronter un désaveu total aux prochaines élections, que tu fuis le futur déficit monstrueux des hôpitaux neuchâtelois, que tu anticipes ton départ pour barrer la route à ton ennemi juré qui rêve comme toi d’être enfin au sommet alors qu’il est déjà en Haut. D’autres que tu serais un brillant compteur et un calculateur féroce… Je n’ose y croire ! Reste jusqu’au bout, Laurent ! Jusqu’au bout de ta législature. Comme un homme, un vrai. C’est comme ça que tu nous rendras le plus grand des services. Celui de ne pas toucher ta rente à vie et de creuser encore un tunnel sans fin dans les finances de l’État. Reste, Laurent ! S’il te plait…

 

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