Sarah Blum : « Pour un monde vivable »

François Nussbaum

Conseillère générale à La Chaux-de-Fonds jusqu’en 2017, Sarah Blum est députée au Grand Conseil. Elle préside le groupe VertPOP, et la commission de l’éducation, et elle est prof d’allemand et d’histoire au CPNE, entre autres. Son engagement est aiguillonné par les inégalités et les injustices sociales, avec l’impression que, parfois (souvent?), le monde «marche sur la tête».

– Si on vous dit… dérèglement du climat ?
– C’est LE grand défi actuel. Il faut passer par une transition écologique. J’aimerais laisser à mes filles un monde vivable. On doit investir massivement dans cette transition. On a vu, lors de la pandémie, que les moyens ont été vite trouvés. Ce n’est pas à la classe défavorisée, ni même à la classe moyenne de supporter l’essentiel de l’effort, puisque ce sont les plus riches qui polluent aussi le plus. Côté transports publics, la Confédération débloque des milliards pour les routes et le prix du billet de train augmente – un non-sens ! L’énergie ne doit pas être un marché lucratif, mais un bien de première nécessité, confié à l’État.

– Si on vous dit… décroissance ?
– A prendre avec des pincettes. Si 1 % de la population possède 44 % des richesses de ce pays, la précarité touche ou menace 15 % des gens. Leur parler de décroissance alors qu’ils n’ont rien ou très peu ? Je préfère l’idée de «consommation raisonnée», avec au quotidien, une réflexion sur ce dont on a vraiment besoin. A grande échelle, on peut trouver les moyens de moins gaspiller, notamment la nourriture. Autre piste: en finir avec l’«obsolescence programmée» des produits. On ne peut pas continuer de consommer comme aujourd’hui.

– Si on vous dit… Lamal ?
– Vaste sujet ! J’ai lu avec intérêt que Ruth Dreifuss, qui a lancé la Lamal il y a 30 ans, dit qu’on n’a fait que du bricolage. Le système s’effondre, la classe moyenne peine à payer les primes, et l’extrême-droite propose de supprimer l’obligation de s’assurer. Ce serait catastrophique, avec une médecine à deux vitesses. Il importe de garantir l’accès à des soins de qualité et de proximité pour tous. Cela a un coût, mais il y a des pistes d’économies : la prévention, ou la formation de davantage de généralistes. Et passer à une caisse unique publique et des primes en fonction du revenu. Il faut y voir plus clair dans l’opacité sur les flux financiers, les réserves ou les salaires des cadres des caisses.

Sarah Blum (Photo dr)
Sarah Blum (Photo dr)

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