Système de santé en phase terminale…

Anthony Picard

Alors que le thermomètre des primes s’affole – hausse de plus 9,8% pour le Canton de Neuchâtel –, Le Ô a consacré jeudi dernier le débat de son 2e Forum, avec un casting de haut-vol, à la Lamal. Qui « l’a mal partout »…

Les membres du Cercle du Ô ont pu suivre jeudi dernier au Club 44 un débat venant à point nommé sur la LAMal. Le 2e Forum du Ô a permis de découvrir les propositions d’élus et de professionnels au chevet d’un système qui dysfonctionne. Les primes d’assurance-maladie étouffent chaque année davantage les ménages. Avec une prime moyenne de CHF 465.-, le canton de Neuchâtel est mauvais élève. Soumis au feu des questions de Patrick Fischer, les parlementaires Philippe Bauer (PLR) et Baptiste Hurni (PS), le chef de la santé neuchâteloise Laurent Kurth, un responsable d’Helsana et le directeur du Réseau de l’Arc, ont tenté de répondre à la question « Comment freiner la hausse des primes en conservant la qualité ». Après des échanges nourris, les intervenants, face à la complexité d’un système tantôt fédéral, tantôt cantonal, sont restés circonspects face au système entré en vigueur le 1er janvier 1996.

Une vision fédérale
A un mois des « Fédérales », Philippe Bauer et Baptiste Hurni ont rappelé les visions fortes de leur parti. Pour la droite, il faut instaurer une prime low-cost à la « easyJet ». « L’important c’est d’arriver à destination même dans un confort rudimentaire, affirme Me Bauer, alors que son confrère veut limiter les primes à 10% du revenu et déployer une caisse unique. « Soyons lucides », glisse Patrick Fischer, « vos propositions font partie d’un programme électoral. Après les élections, le soufflé retombera bien vite ». Des deux côtés de l’échiquier, si on constate que les primes sont chères, on peine à agir sur les coûts. Que ce soit en déduisant davantage de sa feuille d’impôts (PLR) ou en subventionnant les primes qui dépassent 10% du revenu (PS), les partis refusent de s’attaquer aux coûts.

L’assureur, bouc émissaire
Patrick Fischer se demande « à quoi sert l’assureur à part encaisser les primes ! ». Il sert à vérifier la matérialité des factures du système de santé et à signaler les abus répond Gaël Saillen, d’Helsana. Selon ce spécialiste, le travail des assureurs se valoriserait davantage si la loi permettait qu’ils s’adressent directement aux patients. Réserves abondantes, train de vie royal des patrons (le CEO de Sanitas est payé 1 million par an) et le manque de transparence animent le débat. Faut-il vraiment remplacer les 60 assureurs LAMal par une caisse unique ? Selon Philippe Bauer, c’est non avec l’exemple des coûts administratifs de la SUVA, nettement supérieurs à ceux des caisses privées.

Disparités cantonales
Le Neuchâtelois paye en moyenne CHF 463.-. En comparaison, le Fribourgeois débourse CHF 335.- et l’Appenzellois CHF 290.- Ces chiffres expliqués aussi par la démographie montrent surtout que le citoyen neuchâtelois consomme davantage. Selon Laurent Kurth, le système est devenu boiteux par manque de gouvernance et de transparence. « Et puis les règles de concurrence sont fédérales alors que les budgets sont cantonaux… »
Montrés du doigt par le Conseiller d’Etat, les lobbies des pharmas et des cliniques privées empêchent le système de la santé d’évoluer. Pour diminuer les coûts, Laurent Kurth voit d’un bon œil les soins intégrés. « Modèle intelligent à suivre et à répéter », confie-t-il. En précisant : « C’est dans ce sens que s’opère le rapprochement RHNe/Groupe Volta ».

Le Réseau de l’Arc
Une alternative d’assurance sera proposée dès le 1er octobre à la population des cantons de Neuchâtel, du Jura et de Berne par SMN, l’assurance
Visana et le Canton de Berne. L’assuré, d’accord de passer par un généraliste et de partager ses données de santé, bénéficiera d’une couverture à bon prix, prévention inclue. Lancée par le Réseau de l’Arc SA (Montbrillant, hôpitaux de Moutier et St-Imier), ce modèle met en avant la qualité des soins et la prévention. Avec la prime de l’assuré, le réseau distribue l’argent dans le réseau des prestataires en veillant à l’efficience des soins. « Viva, séduira toutes les tranches de la population », précise Alexandre Omont. En cas de pépin, le patient sera soigné à proximité et pas au Tessin ni dans les Grisons.

Comment diminuer les primes ?
Les parlementaires fédéraux appellent à revoir le mode et les sources de financement. Pour Helsana, des économies sont réalisables en favorisant l’usage des génériques. Pour le Réseau de l’Arc, c’est dans le réseau, en évitant les doublons que les économies sont possibles. Face à la situation cantonale, Laurent
Kurth admet que des économies sont possibles en améliorant l’efficience entre hôpitaux, sans remettre en cause l’existence des deux hôpitaux ; avis partagé par Philippe Bauer qui estime « trop risqué » l’hôpital unique refusé par le peuple en 2017.

 

 

 

 

Le système profite à tous, sauf à l’assuré

Face à un système au paiement à l’acte, les pouvoirs publics sont amers face à la cupidité de certains « professionnels ». Exemple Madame Britchon se rend aux urgences souffrant de douleurs dorsales ($$$) – elle reçoit des médicaments et passe une radio ($$$) – sur conseil du médecin, elle visite son généraliste ($$$) qui refait une série d’analyses et prescrit 9 séances de physio ($$$) – après 3 mois, la patiente Britchon est envoyée chez le rhumatologue qui ordonne des analyses, commande des images (radios et IRM) et prescrit des anti-inflammatoires ($$$) – retour chez son médecin qui fixe 9 séances de physio en sus ($$$). En parallèle, dame Britchon – déprimée à la suite de son état – va chez le psy ($$$). 9 mois plus tard, après une visite au podologue ($$$) les douleurs ont disparu ($$$).

 

Des pistes pour des solutions

Anthony Picard, président du Réseau de l’Arc SA et éditeur du journal Le Ô, organisateur du débat de jeudi dernier, livre quelques pistes de solutions.

LE MODÈLE HOLLANDAIS
La Hollande possède un système de santé qui se caractérise par une gouvernance partagée entre l’Etat, les organisations professionnelles et les assureurs. La concurrence est régulée entre assureurs privés et les pouvoirs publics. L’assurance maladie comporte trois volets : les soins de santé de base, les soins de longue durée et les complémentaires. L’assuré majeur verse une prime de CHF 125.- par mois à laquelle s’ajoute une cotisation de 7,75 % sur un revenu annuel plafonné. Le modèle prévoit le remboursement d’une part des cotisations si l’assuré a dépensé moins de CHF 225.- en frais de santé (frais du médecin généraliste non compris). La porte d’entrée est le médecin généraliste. Pour une population de 17,3 millions d’habitants, 8 hôpitaux de soins aigus contre 276 en Suisse pour 8,9 millions d’âmes.

PISTES CANTONALES
Demandez à votre médecin quel hôpital il choisira en cas de coup dur… l’Ile ou le CHUV. Evident car plus un spécialiste opère, meilleure sera son expérience et plus grandes seront les chances de guérir. Arrêtons de pratiquer la médecine de pointe en dehors des centres spécialisés et organisons les hôpitaux régionaux autour des missions de base. Avec les progrès de la médecine ambulatoire, un hôpital de soins aigus pour 250’000 habitants est suffisant. Au niveau de la prise en charge, des centres régionaux d’urgences 24/24 couplés à des Centres de santé ainsi que le recours systématique au médecin généraliste sont une voie à explorer.

 

Le système profite à tous, sauf à l’assuré

Face à un système au paiement à l’acte, les pouvoirs publics sont amers face à la cupidité de certains « professionnels ». Exemple Madame Britchon se rend aux urgences souffrant de douleurs dorsales ($$$) – elle reçoit des médicaments et passe une radio ($$$) – sur conseil du médecin, elle visite son généraliste ($$$) qui refait une série d’analyses et prescrit 9 séances de physio ($$$) – après 3 mois, la patiente Britchon est envoyée chez le rhumatologue qui ordonne des analyses, commande des images (radios et IRM) et prescrit des anti-inflammatoires ($$$) – retour chez son médecin qui fixe 9 séances de physio en sus ($$$). En parallèle, dame Britchon – déprimée à la suite de son état – va chez le psy ($$$). 9 mois plus tard, après une visite au podologue ($$$) les douleurs ont disparu ($$$).

 

Des pistes pour des solutions

Anthony Picard, président du Réseau de l’Arc SA et éditeur du journal Le Ô, organisateur du débat de jeudi dernier, livre quelques pistes de solutions.

LE MODÈLE HOLLANDAIS
La Hollande possède un système de santé qui se caractérise par une gouvernance partagée entre l’Etat, les organisations professionnelles et les assureurs. La concurrence est régulée entre assureurs privés et les pouvoirs publics. L’assurance maladie comporte trois volets : les soins de santé de base, les soins de longue durée et les complémentaires. L’assuré majeur verse une prime de CHF 125.- par mois à laquelle s’ajoute une cotisation de 7,75 % sur un revenu annuel plafonné. Le modèle prévoit le remboursement d’une part des cotisations si l’assuré a dépensé moins de CHF 225.- en frais de santé (frais du médecin généraliste non compris). La porte d’entrée est le médecin généraliste. Pour une population de 17,3 millions d’habitants, 8 hôpitaux de soins aigus contre 276 en Suisse pour 8,9 millions d’âmes.

PISTES CANTONALES
Demandez à votre médecin quel hôpital il choisira en cas de coup dur… l’Ile ou le CHUV. Evident car plus un spécialiste opère, meilleure sera son expérience et plus grandes seront les chances de guérir. Arrêtons de pratiquer la médecine de pointe en dehors des centres spécialisés et organisons les hôpitaux régionaux autour des missions de base. Avec les progrès de la médecine ambulatoire, un hôpital de soins aigus pour 250’000 habitants est suffisant. Au niveau de la prise en charge, des centres régionaux d’urgences 24/24 couplés à des Centres de santé ainsi que le recours systématique au médecin généraliste sont une voie à explorer.

 

Découvrez nos autres articles

L’ascension fulgurante de la verte Ilinka Guyot Depuis le 27 juin, Ilinka Guyot occupe les fonctions de cheffe du dicastère de la jeunesse, des
Réalisée grâce au travail d’un collectif provenant de bénéficiaires de l’aide sociale, l’œuvre vient d’être présentée à un public venu en nombre dans l’atelier