L’écriture coup de poing

Camille Cerval

Voilà que Dunia Miralles nous la joue « western à la neuchâteloise » : nous avons tous adoré, un jour ou l’autre, voir les méchants au pilori, rattrapés par un héros pur et juste, qui ne fait que charger son karma en appliquant la Loi du Talion.

Les livres de cette auteure atypique n’ont jamais respiré une franche bonne humeur. Avec Le Gouffre du Cafard, elle explose la barre de la noirceur, plongeant dans l’enseignement des années septante. Certains élèves, souvent étrangers, étaient maltraités à l’époque, voire empêchés de poursuivre des études. Ici, c’est Conception, dite Conchi, qui fait les frais d’une institutrice sadique. Les parents ne comprennent pas leur gosse malade à vomir, qui ne raconte rien de ses souffrances et finit par déserter la classe. Ce sera la dope, la fugue, et une rencontre heureuse qui lui permettra de retrouver un équilibre et une passion.

Des années plus tard, une vieille dame très en forme se passionne pour la dépollution des gouffres. Elle suit Rose, une spéléologue avertie, pour visiter les tréfonds de la terre. Mais rien ne se passe comme elle le pensait. Et le glaive de la justice humaine frappera sans ménagement. Construit comme un aller-retour entre l’enfance et la descente dans le gouffre du cafard, le roman ménage bien le suspense pour intriguer le lecteur et l’amener à une chute délectable. L’écriture est d’une précision horlogère et un riche vocabulaire spécialisé insuffle une note terriblement réaliste au récit. Le lecteur en déduira que la littérature permet d’exorciser les vieux démons.

Questions à Dunia Miralles

– Vous n’êtes pas reconnue comme écrivaine fascinée par le sport… Comment vous est venue l’idée d’évoquer la spéléologie ?
– C’est Giuseppe Merrone, le patron de BSN press qui m’a proposé d’écrire dans sa collection Uppercut qui traite de sujets sportifs. Il n’était pas question que je quitte L’Âge d’Homme, mais que    je participe une fois à cette expérience, ce que j’ai accepté. Une amie spéléologue de haut niveau a été d’accord de m’épauler, me conseiller et de relire le manuscrit.

– En écrivant ce livre, avez-vous eu envie de plonger dans les entrailles de la planète ?
– J’y suis allée avec cette amie, une expérience dont je me rappellerai longtemps, qui ne m’a cependant pas donné le goût de la spéléo.

– En lisant votre roman, le lecteur se demande si vous êtes la petite martyre de l’enseignante sadique…
– Oui, c’est bien moi. Quand j’affronte des injustices, que je croise des personnes mal intentionnées, je me dis toujours que je peux les neutraliser en écrivant.

 

Dunia Miralles: Le Gouffre du Cafard, BSN Press, coll. Uppercut, Lausanne, 2023, 95 p.

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