Une société du canton produit des panneaux photovoltaïques adaptés au patrimoine protégé. Une fresque Le Corbusier apparaîtra sur le parking de la Ronde.
On peut appeler cela un bénéfice collatéral. La tempête du 24 juillet qui a ravagé la ville de La Chaux-de-Fonds pourrait être l’occasion d’une vaste offensive solaire si l’on profite des travaux de reconstruction pour poser des panneaux photovoltaïques. Les contraintes sont nombreuses dans une ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco mais il existe aujourd’hui des installations solaires qui permettent de concilier protection du patrimoine et transition énergétique. La société Solaxess installée à Marin est à la pointe de cette nouvelle technologie. On fait le point avec son CEO Stéphane Eberhard.
– Votre business, c’est de rendre le photovoltaïque esthétique ?
– C’est ça ! Afin de permettre de poser des panneaux solaires partout,
sur les toits et sur les façades. Construire des fermes solaires gigantesques dans les Alpes, je suis contre. Utilisons déjà le potentiel offert par le bâti existant.
– Vos panneaux sont Unesco compatibles ?
– Absolument. L’Unesco a des critères esthétiques très pointus. On a des solutions pour arrêter de dénaturer nos toits avec des panneaux noirs et des cadres alu.
– En quoi consiste votre innovation ?
– C’est de réussir à colorer la surface des panneaux en laissant passer au maximum les rayons du soleil. Au départ c’était une innovation du CSEM, que nous avons développée et commercialisée. Il a fallu des années pour faire baisser les coûts afin d’être compétitifs face à la concurrence asiatique. Nous utilisons des granules en polymère, dans lesquelles on met tous les matériaux nécessaires, et qui sont ensuite étirés en films de couleur.
– Combien de couleurs sont disponibles ?
– 15 couleurs.
– Par rapport aux toits, les façades sont le parent pauvre du solaire. Quel est leur potentiel ?
– Ça permet surtout de lisser la production d’énergie. Quand le soleil est bas en hiver, on est très bien en façade, quand il est au zénith en juin-juillet, on est moins bien. Si un toit plat donne 100% de performance, on arrive à 85% en moyenne annuelle en façade sud.
– Et sur les faces nord ?
– Environ 35%, rien qu’avec le rayonnement. C’est un potentiel largement sous-exploité.
– À La Chaux-de-Fonds, il y a désormais des opportunités. Vous avez des projets ?
– On est en pleine discussion. Plus de 4000 bâtiments ont été endommagés. On peut refaire des toitures photovoltaïques. Nous travaillons avec des fabricants de tuiles actives qui respectent la couleur et la forme des tuiles traditionnelles. Le produit existe. La balle est dans le camp des autorités.
– Mais ça coûte plus cher ?
– Au niveau des tuiles il y a peu de différence. Ce qui va coûter plus cher c’est l’installation qui permet de générer de l’électricité, mais elle sera amortie en 10 ans. Avec une durée de vie de 30 à 50 ans, vous profitez de plusieurs décennies d’énergie gratuite !
– Le temps presse avant la neige !
– Il ne faut pas faire les choses dans la précipitation. Il vaut mieux protéger les toits pour passer l’hiver et les refaire au printemps.
– Est-ce que les immeubles pourraient devenir plus producteurs d’électricité que consommateurs ?
– Oui absolument. Pour un ménage moyen, il faut 30 à 50 m2 de panneaux solaires pour produire ce qu’il consomme. Si vous utilisez le toit et les façades vous allez largement dépasser.
– Est-ce que la Suisse est capable de produire toute l’électricité dont elle aura besoin à l’avenir ?
– Remplacer les chauffages à mazout par des pompes à chaleur, c’est top ! Mais il faut qu’elles soient alimentées par de l’énergie solaire. On a la capacité, mais il faut que l’on pose des panneaux partout.