Conseil général saisi après la journée du 5 novembre
« Cette interpellation me fait marrer. Des neuf signataires aucun n’était présent ! » Jean-Emmanuel Lalive, organisateur avec Didier Clémence du sommet sur le loup qui a fait salle comble le 5 novembre à Ton sur Ton, hérisse le poil ! Le médecin et conseiller général Verts se dit très à l’aise, quand bien même le parti-pris pro-loup de la journée a fait grogner et le lancement d’une pétition contre les tirs préventifs a fait grincer des dents. Ses collègues du législatif, dont les PLR Alain Vaucher et Claude-André Moser, ont déposé une interpellation.
Pour eux, la présence de la Ville parmi les sponsors d’un rendez-vous perçu comme partisan, alors qu’il se revendiquait scientifique, pose question. « Moi j’ai peur du loup ! », sourit Claude-André Moser. « Nous ne remettons pas en cause les conférences : on veut savoir sur quoi s’est basée la Ville », précise Alain Vaucher. Théo Bregnard, chef du dicastère de la culture ayant soutenu le rendez-vous, nous dit l’avoir fait « pour favoriser le débat et la réflexion sur la biodiversité ». « J’admets qu’on espérait un débat plus nuancé. »
« Nous avons eu cinq professeurs de renom ! Aurait-t-il fallu un prix Nobel ? On a été félicité par des personnes des milieux agricoles. Et moi, je suis désormais plus en compréhension avec les paysans », lance Jean-Emmanuel Lalive. Qui admet deux couacs. « La psychothérapeute ayant décrypté les mécanismes de la peur a fait une boutade malheureuse. Elle a répondu « Oui, plusieurs fois par semaine » à l’éleveur Raymond Béguin, qui demandait s’il devait consulter un psy en regard de sa peur de devoir un matin achever un de ses moutons agonisant… »
L’autre impair : « Le professeur valaisan Arlettaz a ciblé Philippe Bauer comme un des politiciens de droite qui à Berne veulent exterminer le loup. Ce qui nous a valu un mail de protestation de notre sénateur. C’est vrai qu’il a eu l’élégance de venir à une table ronde malgré sa non-réélection… »
Avec quatre politiciens, l’organisateur, chapeauté par l’association Avenir loup lynx Jura, se défend d’un casting partisan. John Linell, auteur d’études sur les attaques de loups, qui était en télé-conférence, insiste sur la nécessité de ne pas idéaliser le « réensauvagement ».
« Surtout ne pas idéaliser ! »
« N’idéalisons jamais une action de conservation : il y aura toujours conflits, adaptations, risques ! Voilà pourquoi je dis qu’il faut être brutalement honnête. Et admettre : oui, les loups tueront du bétail ; les loups ont tué des gens dans le passé ; les loups tuent des chiens. Je consacre grand part de ma vie à chiffrer ces conflits. Mais ce ne sont pas des arguments contre la conservation ! Ils nous disent simplement que nous ne devons pas être naïfs ni vendre des illusions, et qu’il s’agit de planifier la conservation en fonction de ces réalités et en sachant que la possibilité de tuer des loups doit être un élément de la boîte à outils de la conservation de la faune sauvage. »