Avant de retourner à Paris, où elle a fait salle comble, Phanee de Pool livre son « AlgorYthme » aux Anciens Abattoirs. Attention : show mordant !
« Oui, l’intelligence artificielle me donne des boutons. Dans ce spectacle je la désacralise, je la malmène en me fichant de sa gueule ! » Spontanée et mordante à son habitude, Phanee de Pool donne le ton, à huit jours de son concert aux Anciens Abattoirs. « Ce sera dans la salle des frigos. Et je me réjouis d’y mettre le feu », rigole l’acrobate des mots. Avec une création tout en intelligence… artisanale : « J’ai tout fait moi-même, avec aucune AI derrière », sourit la princesse des métaphores. Interview.
– Confier les paroles d’une chanson à l’AI ?
– Vous rigolez ? Je suis une brêle en informatique, avec de grosses limites. Toutefois, même de loin, je suis l’évolution technologique. Et ça m’interpelle. Jusqu’où va-t-on confier nos vies, notre monde à des machines à qui on apprend à nous contrôler ? Quand je vois ce qu’on est capable de faire, j’y trouve un aspect très anxiogène.
– Votre message, c’est stop à tout ça ?
– Il est temps de revenir à l’humain, à des choses simples et minimalistes. Mais mes algorithmes à moi et mes intelligences artificielles artisanales sont plutôt mignonettes. Mon œil technologique devient même attachant. Mais il ne nous veut pas que du bien. Tout se joue dans un combat final avec lui. Et je ne vous en donnerai pas l’issue ici !
– Tous addicts… Comment décrocher ?
– Soyons visionnaires : notre avenir est boiteux si on est à 100 % connectés ! Alors, veillons à garder notre libre arbitre. En sachant que les choses simples existeront toujours. Manger, bouger, se promener dans la nature, ce sera toujours gratuit, et sans algorithme pour nous dire où aller.
– Est-on déjà tous dénaturés ?
– Je porte un œil bien narquois sur la question, moi qui suis très proche de la nature et qui n’ai pas toujours mon téléphone en main. Mais c’est vrai que ça devient impossible de faire sans : si on a un Nokia sans écran tactile, on ne peut plus faire un paiement ! C’est fou. Aussi de se dire que les aînés dépassés aujourd’hui ne seront plus là dans vingt ans…
– À AlgorYthme, on rit, on pleure, on… ?
– On y tout ça ! Du moins selon les retours que j’ai des premiers concerts. Je serai en solo aux Anciens Abattoirs, mais c’est le même spectacle. On danse, on se questionne aussi. C’est un melting pot, avec des textes plus trash que d’autres, des plus légers, du cocasse aussi.
– Un 3e album et son spectacle qui marchent si bien… Que du bonheur ?
– J’ai eu le bonheur de remplir la salle de l’Archipel à Paris le 8 novembre. Du coup, on m’a reprogrammée (sic !) et j’y retourne le 6 décembre. Avec peut-être une troisième date ensuite. Donc si vous passez par Paris…
– En 2019, vous aviez emballé une salle de musique comble, avec le concert cadeau de la Biennale du patrimoine horloger !
– J’adore La Chaux-de-Fonds, si intéressante culturellement. La création marginale et indépendante y pullule. J’aime énormément ça. Et puis, le public ici est très enjoué, réceptif, attentif. Je me réjouis de revenir samedi prochain : on va mettre le feu au frigo que je vous dis !
AlgorYthme. Phanee de Pool, 20 h 45, Anciens Abattoirs, salle des frigos, samedi 25 novembre.
Portes : 18 h. En ouverture : Brízida, 18 h 45.
Concert organisé par Festival12, infos et billetterie : https://festival12.ch/programmation/
