Apaisement et embellie entre Berne et l’Union européenne
Certains y verront un hasard de calendrier. Dans le prolongement de sa récente visite d’État en Suisse, où le Président français Emmanuel Macron avait plaidé pour une accélération immédiate des pourparlers entre la Suisse et l’Union européenne, Bruxelles donne un avis favorable à de futures négociations bilatérales après plusieurs mois de crise institutionnelle.
Un coup de théâtre après la rupture abrupte de l’Accord cadre, le 26 mai 2021. Après des mois d’incertitudes et d’atermoiements, c’est un peu un retour à la case départ.
« Il fallait impérativement se rebrancher et renouer avec l’Union européenne. Les dégâts étaient considérables. Il s’agit avant tout aujourd’hui de rétablir un rapport de confiance », explique un diplomate observateur attentif de la crise avec Bruxelles. La pression des milieux économiques et du monde académique suisse, exclu du programme « Horizon Europe » et de sa manne de 95 milliards d’euros ont pesé sur le Conseil fédéral, confronté à l’agacement de ses partenaires européens. Saluée par Bruxelles, l’annonce d’un projet de négociation va relancer des pourparlers pour conclure de nouveaux accords bilatéraux. Premier résultat immédiat : la reconnexion entre les universités suisses et l’Union européenne paraît imminente.
L’inquiétude des milieux économiques demeure
En l’absence d’une relation claire avec nos partenaires européens, certaines entreprises ont été contraintes de délocaliser leurs activités en Autriche, au Portugal et dans les pays baltes.
L’approvisionnement énergétique – la consommation suisse dépend à 70 % de ses importations avec des pays européens – fait également l’objet d’intenses négociations diplomatiques. « Il y avait vraiment urgence à calmer le jeu avec Bruxelles, complètement excédé par la dénonciation brutale de l’Accord cadre et la mise à mal de quinze ans de négociations », estime Jean-Hubert Lebet, ancien diplomate revenu dans son berceau originel à La Chaux-de-Fonds.
« Cette embellie est nécessaire et salutaire. Le Conseil fédéral a défini un mandat clair de négociations. Un problème demeure : il faudra convaincre le peuple et les réticents – les eurosceptiques et l’Union syndicale suisse – inquiets du risque de sous-enchère salariale. Il faudra descendre dans l’arène et mener campagne. »
Désormais grande ouverte, la porte bruxelloise peut se refermer à tout moment. La Suisse est au carrefour de tous les possibles dans un contexte plus apaisé avec ses voisins européens et la perspective d’accueillir en 2025 le prochain sommet de la Communauté politique européenne (CPE).