Frédéric Mairy fait coup double

Anthony Picard

La faiblesse des outsiders a tronqué l’élection au successeur de Laurent Kurth. Si à peine plus de 23 % des ayants droits se sont déplacés pour glisser leur vote dans l’urne, combien de ceux-ci étaient blanc ? L’histoire ne le dira pas. Ce dont elle se souviendra, c’est du sourire de Frédéric Mairy, élu au 1er tour avec un score bananier de 82,3 % devant Wroblevski à 10,8 % et Pieren 6,9 %. Aujourd’hui débute dans l’arrière-cour du Château, les tractations entre les quatre restants et le nouveau venu ; notamment pour savoir si le dernier arrivé reprendra la santé et les finances… ou d’autres départements puisque le Conseil d’État a le loisir de rebattre les cartes.

Du moment que les partis de l’échiquier avaient décidé de ne pas combattre le candidat du PS, les dés étaient jetés. Clairvoyant, Frédéric Mairy concède que le calendrier était favorable, comme il sera en 2025 lorsqu’il se représentera comme sortant.

Militant pour conserver l’élection des conseillers communaux de Val-de-Travers par le législatif, c’est bien – ironie des urnes – par le peuple que le Covasson vient d’être élu après une campagne peu propice à doper le taux de participation. Heureusement qu’ici et là se jouait le même jour la fusion de communes car ce ne sont pas les 16 % d’électeurs des Montagnes qui ont fait décoller la statistique. Interview expresse avec le Vallonnier.

– Deux victoires à votre actif ce dimanche, laquelle vous ravit-elle le plus ?

– La bataille à Val-de-Travers n’était pas gagnée d’avance. Avec 58 % de voix en faveur de la désignation du Conseil communal par le législatif, je suis aussi heureux que face à ma victoire au 1er tour à la course au Conseil d’État.

– Pourquoi les gens boudent les urnes dans les Montagnes ?

– La réponse est multiple ; d’ailleurs une commission du Grand Conseil a été nommée pour faire la lumière sur la question. Si je déplore l’absence de grands débats, vous conviendrez qu’avec des candidats aussi clivants que mes adversaires, espérer faire mieux relevait de la gageure. Si des raisons sociologiques peuvent être évoquées, j’admets aussi que mon réseau dans les Montagnes ne demande qu’à se fortifier.

– Que représentent pour vous les voix laissées (17 %) à vos adversaires ?

– La preuve que l’exercice démocratique valait la peine. L’élection par les urnes a permis à une part de la population d’exprimer son mécontentement et son ras-le-bol.

– À qui dédiez-vous cette victoire ?

– À l’ensemble des concitoyens avec un coup de cœur à celles et ceux de Val-de-Travers qui m’ont plébiscité pour passer de l’échelon communal à celui du canton. J’avoue que de quitter l’exécutif du Vallon après dix ans d’engagement représente pour moi un véritable crève-cœur.

– Quels départements briguez- vous ?

– Laurent Kurth avait la santé et les finances. Si mes futurs collègues estiment que ces départements doivent être transmis au nouveau venu, je suis prêt à les reprendre. (réd. : les discussions sont en cours)

Celui qui vient d’être élu déclarait sur les ondes de la RTS qu’en matière de finances il aimerait faire aussi bien que son prédécesseur en bouclant les comptes dans le noir. Côté santé, Frédéric Mairy dit vouloir s’engager pour maintenir un service public de qualité tout en trouvant de nouveaux financements pour faire face au vieillissement de la population. Dans les thèmes qui lui sont chers, celui de la lutte contre le réchauffement climatique pourrait lui ouvrir d’autres sphères.

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