Oui, Monsieur l’agent, je peux tout vous dire
La vie monotone et heureuse des gens du quartier
Tous leurs pleurs, leurs rires, je sais les prédire
Je vois tout, car je ne suis qu’une ombre au monde entier
Cette petite demoiselle que vous recherchez
Se prénomme bizarrement Elle Personne
Chaque jour, avenue Léopold, elle avance d’un pas chaloupé
Toujours aimable et souriante, son aura rayonne
Elle, elle vit seule, mais semble heureuse
Elle consomme tout de la vie et de ses envies
Un tant soit peu joyeuse et aventureuse
Jusqu’à dernièrement où plus aucun signe de vie
Elle, elle a rencontré un beau jeune homme
Grand, l’air noble, bonnes écoles et arrogant
Répondant au nom de Lui Tout-le-monde
Il faisait de sa vie tout un slogan
Elle, doucement perdit le sommeil et sa joie de vivre
Lui, il vampirisait l’énergie de son âme
En sa présence, l’air sombre, elle ne savait plus rire
Silencieux, dans la pénombre, je captais tout de ce drame
Pour comprendre M. l’Agent, de vous à moi
J’ai vu venir, de lui le mauvais coup
Ma petite Elle, était trop souvent aux abois
Ce joli cœur et agneau-loup, pour sûr, il lui trancha le cou
Aujourd’hui, je n’entends plus rien d’Elle Personne
Seuls résonnent encore les pas libres de ce jeune homme
De sa cheminée, depuis peu, sort une fumée en colonne
J’en frisonne de retrouver ici et là ses cendres à la tonne
Elle Personne rencontra Lui Tout-le-monde
Elle et Lui vécurent une amourette violente et vagabonde
À eux deux, ils n’ont su construire qu’un cyclone
Peut-être que sa mort pour Lui n’est qu’une icône.