Toutes et tous à la journée des arbres !

François Hainard

La Tempête du 24 juillet et les 1500 arbres fauchés nous ont ouvert les yeux sur leur importance. D’où l’action « Pe(a)nser les arbres en ville » de ce samedi

Peut-être fallait-il cette tornade du 24 juillet pour se rendre compte combien les arbres de notre ville comptent pour tous ? Peut-être était-ce nécessaire de voir ces arbres étêtés, fracassés, déracinés pour réaliser combien ils participent à notre vie ? Les experts estiment à 1500 les arbres de la ville fauchés ou mutilés au point de devoir être abattus, et quelques dizaines de milliers pour l’ensemble de la région sinistrée.

Si toits et vitrages se réparent, c’est plus compliqué pour les arbres. Cette catastrophe a fonctionné comme un électrochoc, un catalyseur de consciences nécessaire pour réaliser la place que tiennent les arbres dans notre quotidien. Ce traumatisme a conduit à la création de l’association Des arbres pour rêver demain, dont les objectifs sont de remplacer les arbres disparus et de réfléchir à la place que tiennent ces végétaux dans notre société.

Ce samedi 9 mars, plusieurs acteurs dont cette association nous apprendront comment planter et à repenser le rôle des arbres dans un contexte aussi artificiel que la ville, par-delà leur utilité, enfin admise, pour diminuer les chaleurs croissantes dans l’environnement construit, capter notre CO2 excessif ou filtrer les particules fines.

C’est qu’avec notre mode de vie urbain la cohabitation demeure difficile : leur espace réservé est souvent insuffisant tant en volume qu’en profondeur, ils gênent la sécurité du trafic, nécessitent entretien et nettoyage. Aujourd’hui d’autres questions se posent encore : le choix d’espèces adaptées aux transformations climatiques et l’exigence d’une saine et didactique diversité.

Déposer un jeune arbre dans un trou ne suffit pas. Il faut savoir choisir l’emplacement et le sol qui conviennent au végétal, puis suivre le travail : tuteurer, arroser, assurer les nutriments nécessaires, parfois tailler.

Planter un arbre, c’est apprendre à le connaître, à le respecter et à l’aimer, avec le bonheur de savoir qu’il sera transmis aux générations qui suivent. C’est aussi le regarder autrement, l’envisager comme le véritable acteur d’un urbanisme qu’il va structurer, organiser, rendre vivable. Car l’arbre fait le milieu, donc aussi la ville, et peut-être sera-ce le glas des plantations militaires en ligne, en rang, au garde-à-vous avec une coupe en brosse, au profit d’individualités, d’une « rue-bosquets » où les végétaux remplacent la voiture, ou d’une « rue-forêt » avec des sentiers et des souches ?

La journée « Pe(a)nser les arbres en ville », commencera à 9 h 45 dans les jardins du Mycélium et sera suivie par deux performances au Parc du Crêtets, pour se poursuivra dès 13 h au Club 44 avec des expositions d’artistes et travaux d’enfants, des discussions et conférences.

Entrées libres. Infos et réservations : www.club-44.ch et www.desarbrespourreverdemain.com

La forêt est un construit social

Depuis quelque temps certaines publications, heureusement encore minoritaires, laisseraient croire que les arbres se soutiendraient et qu’ainsi un « arbre-mère » aiderait les petits à croître et à se développer. Or, si les interactions entre arbres et mycorhizes sont prouvées, la compétition entre végétaux est sans pitié pour ce qui est de l’eau, les nutriments et de la lumière. Arbres et autres végétaux ne sont pas les premières entités naturelles à se voir prêter des valeurs humaines, ce qui nuit à la manière de les percevoir et d’organiser une gestion forestière durable.

Si les sentiments et la romantisation ont leur place pour rendre compte de la forêt et de l’admiration qu’on lui porte, ils ne doivent pas fausser la compréhension des écosystèmes qui la caractérisent et favoriser des interventions erronées. L’amour des arbres a poétisé les regards portés sur eux allant parfois à l’encontre de leur bien-être. Heureusement, les forestiers le savent et n’hésitent pas à favoriser les « jeunes », élaguant ce qui doit l’être.

Tout cela n’empêche pas de s’interroger : faut-il laisser faire la nature, ne pas intervenir, laisser jeunes et vieux, malades et sains vivre et mourir comme cela vient, position suivie par certains puristes, mais difficile à tenir avec les attaques destructrices du bostryche ? Ou au contraire choisir de favoriser une recrue saine, dès lors exploitable pour la construction et le chauffage, même si les exemples d’abus des bois importés sont légion (coupe rase, forêt primaire dévastée…) ? Il est vrai que nos bûcherons sont formés à favoriser les arbres de rendement et couper sans hésitation ceux qui rapportent moins… ou les gênent dans leurs mouvements. Mais les représentations changent : la forêt est aussi un construit social !

François Hainard
Président du Club 44

Le parc des Musées dévasté, et un dessin d’Aline Jaquet-Tissot, en expo avec Des arbres pour vivre, avec Marinella Lo Vecchio, Catherine Louis et travaux d’écoliers (Club 44, 13h-21h).
Le parc des Musées dévasté, et un dessin d’Aline Jaquet-Tissot, en expo avec Des arbres pour vivre, avec Marinella Lo Vecchio, Catherine Louis et travaux d’écoliers (Club 44, 13h-21h).

La forêt est un construit social

Depuis quelque temps certaines publications, heureusement encore minoritaires, laisseraient croire que les arbres se soutiendraient et qu’ainsi un « arbre-mère » aiderait les petits à croître et à se développer. Or, si les interactions entre arbres et mycorhizes sont prouvées, la compétition entre végétaux est sans pitié pour ce qui est de l’eau, les nutriments et de la lumière. Arbres et autres végétaux ne sont pas les premières entités naturelles à se voir prêter des valeurs humaines, ce qui nuit à la manière de les percevoir et d’organiser une gestion forestière durable.

Si les sentiments et la romantisation ont leur place pour rendre compte de la forêt et de l’admiration qu’on lui porte, ils ne doivent pas fausser la compréhension des écosystèmes qui la caractérisent et favoriser des interventions erronées. L’amour des arbres a poétisé les regards portés sur eux allant parfois à l’encontre de leur bien-être. Heureusement, les forestiers le savent et n’hésitent pas à favoriser les « jeunes », élaguant ce qui doit l’être.

Tout cela n’empêche pas de s’interroger : faut-il laisser faire la nature, ne pas intervenir, laisser jeunes et vieux, malades et sains vivre et mourir comme cela vient, position suivie par certains puristes, mais difficile à tenir avec les attaques destructrices du bostryche ? Ou au contraire choisir de favoriser une recrue saine, dès lors exploitable pour la construction et le chauffage, même si les exemples d’abus des bois importés sont légion (coupe rase, forêt primaire dévastée…) ? Il est vrai que nos bûcherons sont formés à favoriser les arbres de rendement et couper sans hésitation ceux qui rapportent moins… ou les gênent dans leurs mouvements. Mais les représentations changent : la forêt est aussi un construit social !

François Hainard
Président du Club 44

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