Première suisse au Théâtre des Abeilles pour Le Principe d’Archimède. Cette pièce évoque les dérives des réseaux sociaux et des procès qui s’y déroulent. Le plaidoyer de Jacint Margarit
Pièce à succès plusieurs fois primée, Le Principe d’Archimède de Josep Maria Miró raconte l’histoire de Pierre, maître-nageur dans une piscine municipale, accusé par un enfant d’avoir embrassé l’un de ses camarades.
La rumeur se répand sur les réseaux et l’audience assiste à l’évolution de l’affaire, sans prendre la parole. « L’idée n’est pas de banaliser la pédophilie. Mais d’évoquer la peur de se voir accuser. Et si ça nous arrive à nous ? Comment réagir ? La vérité doit-elle être discutée sur Facebook ? Les réseaux sociaux peuvent-ils faire office de tribunal ? Tels sont les questions posées dans ce texte », déclare le metteur en scène Jacint Margarit. Pour soutenir la réflexion, ce dernier propose une mise en scène bi-frontale : au lieu d’un décor sur scène face au public, un second gradin est monté afin que les spectateurs puissent s’asseoir des deux côtés de la scène : « Le texte évoque la perte de vie privée qui découle des réseaux sociaux. Tout le monde voit tout et le public est partout », explique le co-directeur d’Evaprod. « Cela complique la mise en scène car quand on joue, on tourne le dos à un des publics. Toutes les trois scènes, on change de sens. »
En présence de l’auteur ?
Lue et jouée dans plus de quarante pays, Le Principe d’Archimède sera en première suisse au Théâtre des Abeilles. « On est content et honoré de faire découvrir ce texte au public suisse », note Jacint Margarit. Il a fallu une longue bataille pour obtenir les droits : « J’ai parlé avec l’auteur au téléphone. Il a voulu voir le théâtre et les autres spectacles qu’on y a réalisé avant de donner son feu vert. Il ne voulait pas que sa pièce se joue n’importe où et n’importe comment. Je suis ravi d’avoir réussi à le convaincre ! » Sera-t-il de cette première ? « Peut-être. Mais il y a aussi une représentation à Caracas au Venezuela le même jour ».
La Cie Mandragore d’Evaprod attend six cents personnes lors des six représentations du 15 au 22 mars. Avec un même objectif : « Que chaque spectateur fasse son propre jugement puis en débatte hors du théâtre. » Les défis ? « Respecter l’histoire comme elle est écrite et que rien dans la mise en scène n’influence l’avis de l’audience. » Intrigué·e·s ? Réservez vos billets : « Cette pièce ne vous laissera pas indifférent », assure le metteur en scène.