Sur les traces des nouveaux OGM

Igor Chlebny – UniNE

Faut-il avoir peur des nouvelles techniques génomiques ?

De nouvelles techniques génomiques (NGT) sélectionnent des plantes résistantes aux maladies. Mais comment détecter les traces de ces plantes, qualifiées parfois de « nouveaux OGM », dans les produits alimentaires ? C’est le but du projet européen DETECTIVE dont Daniel Croll, professeur de génétique évolutive à l’UniNE, explique les enjeux.

– À quoi servent les modifications génétiques ?
– Il s’agit d’obtenir des caractéristiques bénéfiques pour la plante cultivée : résistance aux parasites, au changement climatique, ou amélioration du rendement. Dans les OGM traditionnels, cela consiste à insérer des gènes entiers provenant d’une autre espèce (comme une bactérie) dans une espèce « hôte » (une plante ou un animal). Les NGT, en revanche, ne font plus appel à des gènes étrangers pour obtenir l’effet bénéfique. Elles permettent de le faire au sein d’une même espèce, via des « ciseaux moléculaires ».

– Avec des problèmes juridiques ?
– En effet, les OGM sont interdits à la culture et à la consommation. Faire respecter cette législation est a priori simple, car il est techniquement facile de distinguer un gène étranger du gène « hôte ». Avec les NGT, les modifications ne se déroulant plus à l’échelle de gènes entiers, mais sur des portions de ceux-ci, la détection de ce qui relève d’une modification significative ou non de la plante devient plus délicate.

– Comment relever ce défi ?
– C’est le but du projet DETECTIVE auquel je participe. Il vise à développer des outils pour détecter les traces de plantes modifiées par des NGT et à montrer à quel stade la traçabilité ne sera pas possible, même avec les approches les plus avancées.

Café scientifique : « Faut-il réconcilier Bio et OGM ? » 24 avril, 18 h, UniNE, Av. du 1er Mars 26, Neuchâtel.
www.unine.ch/cafescientifique

Des NGT ont été appliquées sur des fruits et légumes comme la banane ou la tomate. (Adobe Stock Andrey Popov)
Des NGT ont été appliquées sur des fruits et légumes comme la banane ou la tomate. (Adobe Stock Andrey Popov)

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