Fabrice Zumbrunnen empoigne un autre gouvernail

Rédaction Le Ô

L’ex-patron de la Migros est depuis ce 1er mai CEO du groupe AEVIS

Le 1er mai, Fabrice Zumbrunnen est devenu le patron d’AEVIS, société cotée en bourse en mains de deux puissants actionnaires, Antoine Hubert et Michel Reybier. Si le premier s’inscrit comme un patron captivant doué d’un grand savoir-faire managérial et d’une créativité exemplaire, le second force le respect avec une carrière débutée très jeune. À 21 ans, Michel Reybier rachète des petits magasins de fromage et de charcuterie en difficultés financières à Lyon avant d’acquérir une chaîne de supermarchés. Après avoir été patron d’une société de production de chocolats et de biscuits, il monte un empire dans le secteur de la charcuterie (marques d’Aoste, Justin Bridou et Bâton de Berger). Après la vente de son groupe en 1994, il acquiert des domaines dans le Bordelais (Cos d’Estournel, en 2000), achète des hôtels de prestige (La Réserve, en 2003) et s’associe dans le secteur médical avec Antoine Hubert en 2011.

Après avoir conduit la Migros vers le marché du médical et des pharmacies (avec SanaCare), Fabrice Zumbrunnen va diriger AVEIS, empire immobilier de la santé et des palaces. Antoine Hubert a dit de lui que sans son expérience, « il nous aurait fallu dix ans pour mettre en place et coordonner notre approche qui consiste à assister le patient tout au long de son parcours de santé ».

En regard des difficultés du secteur de la santé et des hausses de primes maladie incessantes, Swiss Medical Network joue la carte du modèle des soins intégrés (Viva), qui peut améliorer la transmission des savoirs et juguler les coûts. « Je suis séduit par le modèle des soins intégrés qui place le patient au centre de nos préoccupations », souligne Fabrice Zumbrunnen.

Intégré depuis quelques mois déjà dans le groupe, le CEO d’Aevis (Clinique Montbrillant et La Providence à Neuchâtel) va coordonner les activités du groupe pour en assurer la rentabilité. (réd : Aevis Victoria a subi une perte de CHF 41,9 mios en 2023 pour un chiffre d’affaires de CHF 953 mios). Notre interview.

– Diriger des institutions de soins privées va-t-il de pair avec l’objectif de réduire les coûts de la santé ?
– Je ne crois pas que cette question soit pertinente. Vous trouvez des hôpitaux publics très bien gérés et d’autres moins, ainsi que des entreprises privées qui ont du succès et d’autres moins. L’exemple du Réseau de l’Arc démontre même qu’un partenariat public / privé peut très bien fonctionner. Ce qui est sûr, c’est que tous les acteurs sont sous pression et ont enregistré l’an passé un recul important de leurs résultats financiers. Les entreprises privées ne peuvent cependant compter sur aucune aide étatique pour éponger les éventuels déficits.

– Notre canton est l’un des plus chers en primes d’assurance maladie. Quels sont vos remèdes ?
– Pour un petit canton comme Neuchâtel, le défi de contenir la hausse des coûts dans un contexte de vieillissement de la population est particulièrement grand. Quand on ajoute des conditions-cadres organisationnelles et économiques défavorables comme celles de sites autonomes nécessitant une coordination spécifique, on ne saurait s’étonner que cela conduise à cette situation, quand bien même je respecte la volonté populaire ainsi que le travail réalisé par les hôpitaux du canton. Nous croyons au contraire que, comme dans le Réseau de l’Arc, la solution réside dans l’établissement de soins intégrés et non de soins plus ou moins coordonnés.

– Déjà à la tête de Migros vous aviez les soins en tête. Auriez-vous voulu être médecin ou chirurgien ?
– En aucun cas. Ce qui me motive, c’est de contribuer à « soigner » notre système de santé grâce à des projets novateurs, dans le cadre de notre sphère d’influence et avec des partenaires qui partagent notre vision. Les médecins s’occupent très bien de leurs patients et pourraient même faire davantage, si la charge administrative n’était pas aussi pesante.

– Le Chaux-de-Fonnier que vous êtes comprend-il l’attachement de ses concitoyens à leur hôpital de soins aigus RHNe ?
– Je comprends et reconnais l’importance accordée à des services de santé de qualité et de proximité. Certains soins aigus méritent cependant d’être concentrés dans des centres de compétences ayant la taille critique nécessaire, afin d’offrir la meilleure prise en charge possible. Croire qu’il est possible d’offrir une palette complète de soins aigus « au pas de sa porte » relève malheureusement de l’illusion. La Suisse reste de toute façon petite à l’échelle européenne, si bien que toutes les prestations médicales répondent au critère d’une certaine proximité.

Fabrice Zumbrunnen, du gouvernail de la Migros à celui d’Aevis avec cette motivation : « Contribuer à “ soigner ” notre système de santé grâce à des projets novateurs. » (dr)
Fabrice Zumbrunnen, du gouvernail de la Migros à celui d’Aevis avec cette motivation : « Contribuer à “ soigner ” notre système de santé grâce à des projets novateurs. » (dr)

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