Gaza embrase les universités
On n’avait vu telle mobilisation estudiantine depuis la guerre du Vietnam. La question israélo-palestinienne enflamme et embrase les universités des États-Unis et d’Europe. De New York en passant par Science-Po Paris et Genève, la tragédie de Gaza mobilise la communauté estudiantine. « Nous risquons d’être expulsés de l’université, mais c’est le moins qu’on puisse faire. À Gaza, les universités sont bombardées. » Retranchée dans le campus de Columbia, devenu l’épicentre du mouvement propalestinien aux États-Unis, cette étudiante américaine ne cédera pas aux injonctions de l’Alma Mater et des autorités américaines.
La répression policière – près de 300 arrestations – et l’évacuations de certaines universités accentuent la détermination des manifestants. Les divisions apparaissent au sein même des campus où des étudiants s’invectivent, se conspuent, se combattent. Entre amnésie et revendication de la sacro-sainte liberté d’expression, la question polarise l’opinion américaine. Des tabous tombent dangereusement.
Des universités réputées et prestigieuses, comme Harvard, enseignent volontiers les théories les plus radicales sur l’identité de genre, la race, le passé colonial. Aujourd’hui, elles voient leurs étudiants retourner contre elles ces discours en les appliquant, parfois très violemment, au conflit israélo-palestinien. Cette radicalisation préoccupe les rectorats.
Des insultes antisémites comme « Tuez les Juifs » ont été proférées sans complexes dans des campus. Avec des recteurs et des professeurs très ambivalents. Pas toujours très convaincants lorsqu’il s’est agi de s’expliquer devant une commission du Congrès à propos de dérapages tels que « Faut-il soutenir le génocide contre les Juifs en Israël et dans le monde » ? Le conflit entre Israël et le Hamas, en déchaînant les passions à travers le monde, banalise dangereusement les épisodes les plus sinistres de l’histoire.