Alfred Olympi aurait été heureux de ce succès

Francis Matthey

Alfred Olympi aurait été heureux de voir à la Fête de mai combien la donation de ses vignes honore toujours sa mémoire. En reconnaissance de l’accueil fait à ses parents immigrés, il a fait sa donation non pas à une autorité, mais à la population qu’il a servie et aimée.

Populaire, souriant, généreux et modeste, directeur d’une entreprise de fruits et légumes, il était toujours revêtu d’un fourreau bleu et prenait le café sur la place du Marché, parce que très tôt le matin au travail.

Je l’ai connu à la commission scolaire, lui PPN donc de droite et moi PS, donc de gauche. Nous nous sommes liés d’une vraie amitié, tous deux unis par une unique volonté : reconstruire La Chaux-de-Fonds, après la crise de 1976 à 1985. Alfred qui avait déjà offert l’orgue du centre funéraire vint au printemps 1982 dans mon bureau de président de la ville me dire qu’il envisageait de nous donner ses vignes d’Auvernier. Je n’y ai d’abord pas cru !

En descendant les voir, je lui ai dit que 500 bouteilles feraient des vins d’honneur de la ville, ce à quoi il a répondu : « Et le reste, tu en fais quoi ? » C’est en voyant les 20 000 m2 des vignes de choix cultivées par la Maison de Montmollin que j’ai réalisé l’importance de la donation. Défenseur du patrimoine, Olympi voulait que ces terrains restent viticoles. Que leur produit profite à la population chaux-de-fonnière, et que ses vignes « renforceraient les liens unissant notre commune au bas du canton ».

Au retour, arrêtés au feu rouge du Casino, riant comme des gens heureux, Alfred me dit : « tu vois, ces gens-là ne se rendent pas compte qu’ils sont devenus propriétaires de vignes et qu’ils pourront boire leur vin de Neuchâtel ! »

Avec l’accord de Mme Olympi et de leur fille, le Conseil général accepta le 22 juin 1982 la donation. La première Fête a été célébrée dans une très grande ferveur en mai 1983. Tout comme samedi dernier. Encore merci Alfred !

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