« Terreur sur ma ville »

Olivier Kohler

Temps Présent présente un documentaire exclusif sur la tempête du 24 juillet 2023. Un film documentaire poignant et bouleversant réalisé par Jean- Philippe Ceppi

« Les témoins que j’ai interviewés évoquent des scènes comparables, pour eux et dans une certaine mesure, à l’Ukraine ou la Bosnie. Des rues dévastées. Des bâtiments éventrés. Des murs maculés de sang. Cette tempête d’une violence inouïe a laissé des traces profondes. Des corps et des âmes meurtries. Une partie de ces victimes souffre de syndromes de choc post-traumatique assimilables à ceux vécus par les victimes de conflits. » Grand reporter et producteur de Temps Présent pendant près de deux décennies, Jean-Philippe Ceppi a aujourd’hui renoué avec le terrain et le reportage de proximité, lui qui a tout au long de sa carrière journalistique a été un observateur attentif et privilégié des tumultes et de la marche du monde. Il signe ici un reportage poignant et bouleversant. Un film à valeur de document dont la portée se veut mémorielle.

« Notre ambition était de nous intéresser aux victimes, à celles et à ceux qui aujourd’hui encore endurent les traumatismes de cette tempête. Dans leur corps et leur tête. C’est la colonne vertébrale du film. Certains ont ressenti le sentiment d’une mort imminente, d’autres une forme d’impuissance face à la tragédie », explique Jean-Philippe Ceppi. Le documentaire livre le témoignage exclusif de cinq victimes dont celui de la compagne de l’homme qui a perdu la vie, écrasé par une grue sur la place de la Gare. Le film nous plonge dans une dimension peu explorée et connue des événements du 24 juillet 2023. L’appel désespéré d’une victime au 144. Le récit glaçant d’un chef d’entreprise grièvement blessé découvrant avec stupeur son usine dévastée. Le témoignage sidérant d’un scootériste miraculé, emporté par la puissance du vent et dont la course folle s’est terminée contre un arbre au Crêt-du-Locle.

L’originalité et la puissance de ce documentaire exceptionnel trouve aussi sa force dans l’exploitation du matériel vidéo filmé et collecté le jour de la catastrophe. Vidéos amateurs, caméras de surveillance, images filmées par les caméras équipant les véhicules des premiers secours et des patrouilles de police.

« Dans ce type d’événement beaucoup de choses sont filmées par les gens. C’était le grand défi de notre démarche journalistique : récupérer ce qui a été filmé par ceux qui ont vécu la catastrophe. Un matériel d’une valeur inestimable considérablement enrichi par l’appel que j’avais lancé à l’antenne à l’issue d’une émission de Temps Présent, et par le matériel remis par mes témoins en cours de reportage.

On constate les dégâts hors norme qui donnent une force documentaire qui s’approche au plus près de la vérité. L’approche du magazine donne l’immense privilège de prendre de la hauteur et du recul sur les événements. »

Anatomie d’une tempête qui a débuté en France voisine et que personne n’avait vu venir. « Le jour même de la catastrophe, même les experts de MétéoSuisse ont eu de la peine à y croire. Quand ils ont reçu les données de la vitesse des vents, ils ont d’abord cru à un bug. Les radars et les algorithmes ne laissaient pas présager une telle catastrophe. C’est allé très vite. Un événement très localisé, d’une violence inouïe », analyse Jean-Philippe Ceppi. « Même si les experts de MétéoSuisse restent très prudents sur la causalité entre le réchauffement climatique et les événements survenus le 24 juillet 2023 à La Chaux-de-Fonds. C’est tout de même inquiétant de voir que le canton de Neuchâtel a été marqué ces cinq dernières années par toute une série de catastrophes naturelles », observe Jean-Philippe Ceppi.

Pour rappel, le 21 juin 2019, le Val-de-Ruz était frappé et endeuillé par une crue dévastatrice. Le 22 juin 2021, la commune de Cressier était frappée à son tour par des inondations et des pluies torrentielles. Dans les conclusions de son enquête sur les événements, MétéoSuisse évoque de nombreuses pistes d’amélioration pour mieux anticiper ces phénomènes, même s’il est pour l’instant encore impossible de prévoir des événements aussi localisés et intenses plusieurs heures à l’avance et parfois même plus de dix à quinze minutes avant qu’ils ne surviennent. A pied d’œuvre tout au long de la catastrophe, Grégory Duc, commandant du SIS n’ose pas imaginer le bilan humain si la tempête n’était pas survenue en pleines vacances horlogères, au cœur de l’été.

Présenté depuis La Tchaux

La présentation de l’émission Temps Présent – diffusée en prime time jeudi prochain – sera tournée à La Chaux-de-Fonds.

Une opération décentralisée – comme celle tournée en Ukraine où Jean-Philippe Ceppi s’était spécialement déplacé en pleine guerre à Kiev.

Habitué à couvrir les conflits et les grandes crises internationales, celui qui a grandi à Neuchâtel et cultive de solides liens avec le Jura, son canton d’origine, a été marqué par la résilience et l’hospitalité de la population de la Métropole horlogère.

« J’ai trouvé beaucoup d’ouverture et de bienveillance. De la pudeur aussi, avec cette difficulté à dire la douleur. J’ai été impressionné par la vitesse à laquelle la ville s’est reconstruite. Mais dans les têtes et dans les cerveaux les événements du 24 juillet 2023 demeurent pour beaucoup de victimes un immense traumatisme. »

Terreur sur ma ville, Temps Présent, jeudi 20 juin 2024, 20 h, RTS1, documentaire de Jean-Philippe Ceppi. Lire aussi en page 6.

Présenté depuis La Tchaux

La présentation de l’émission Temps Présent – diffusée en prime time jeudi prochain – sera tournée à La Chaux-de-Fonds.

Une opération décentralisée – comme celle tournée en Ukraine où Jean-Philippe Ceppi s’était spécialement déplacé en pleine guerre à Kiev.

Habitué à couvrir les conflits et les grandes crises internationales, celui qui a grandi à Neuchâtel et cultive de solides liens avec le Jura, son canton d’origine, a été marqué par la résilience et l’hospitalité de la population de la Métropole horlogère.

« J’ai trouvé beaucoup d’ouverture et de bienveillance. De la pudeur aussi, avec cette difficulté à dire la douleur. J’ai été impressionné par la vitesse à laquelle la ville s’est reconstruite. Mais dans les têtes et dans les cerveaux les événements du 24 juillet 2023 demeurent pour beaucoup de victimes un immense traumatisme. »

Terreur sur ma ville, Temps Présent, jeudi 20 juin 2024, 20 h, RTS1, documentaire de Jean-Philippe Ceppi. Lire aussi en page 6.

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