L’organisation mondiale de la santé se prépare à affronter les prochaines pandémies
L’enjeu est urgent et planétaire, mais il a été éclipsé par la guerre en Ukraine et la crise israélo- palestinienne. Alors que la menace d’une nouvelle pandémie inquiète les scientifiques, les 194 membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont prolongé d’un an les négociations en vue d’un traité international pour lutter contre les pandémies.
Quatre ans après le Covid-19 qui a paralysé les économies du monde entier et fait 7 millions de morts, la communauté internationale peine à conclure un accord mondial. Des divergences persistent sur une stratégie commune sur l’observation des agents pathogènes et l’accès équitable aux vaccins et autres équipements médicaux. Le temps presse. La menace d’une prochaine pandémie est réelle, et elle augmente, alertent les experts.
Depuis fin mars, le virus de la grippe aviaire H5N1, surveillé de près par l’OMS, a infecté pour la première fois des vaches aux États-Unis. Ces contaminations inédites interrogent sur la possible transmission du virus aux humains. La grippe aviaire n’est toutefois pas le seul virus tenu à l’œil. Une liste des pathogènes préoccupante a été dressée et on se prépare même à une maladie inconnue, baptisée maladie X. « Un virus qui n’a jamais infecté l’homme pourrait le faire et, par mutation, devenir transmissible entre humains », explique Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale à l’université de Genève
La pandémie n’a pas que révélé la fragilité d’un monde globalisé, mal préparé face à un tel défi. Elle a mis en lumière des inégalités entre pays riches et pauvres. En 2023, seul un tiers des personnes vivant en Afrique avait reçu une vaccination complète, contre près de 70 % en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Asie.
Gare à la hausse des températures
L’autre motif de préoccupation est l’émergence de virus encore inconnus en raison du réchauffement climatique. Ce dernier et l’expansion des activités humaines conduisent de plus en plus d’espèces sauvages à migrer vers de nouveaux habitats, transportant avec elles leurs parasites et agents pathogènes.
Selon une étude de la revue Nature, la hausse des températures accentuera les possibilités de transmissions de virus et d’autres bactéries potentiellement dangereuses – nommées zoonoses – pour les humains. Et elles préoccupent. Réchauffement climatique, déforestation et commerce d’espèces protégées exacerbent ce risque.
Dans la forêt tropicale du Yucatán, au Mexique, dans une zone où les contacts potentiels entre animaux et humains sont plus probables dus à la forte déforestation, des scientifiques de l’Université nationale autonome du Mexique traquent des agents infectieux susceptibles de provoquer de nouvelles pandémies. Une recherche faisant écho aux objectifs du programme Une seule santé (One Health), lancé dans le but de prédire les futures pandémies, en prenant en compte les interactions entre l’environnement, les hommes et les animaux.