La malédiction de Koursk poursuit la Russie

Olivier Kohler

L’Ukraine est entrée sur sol russe là où l’Armée rouge avait précipité la perte du IIIe Reich…

« La victoire à Koursk donnera un signal au monde entier. » Prononcée devant un parterre d’officiers nazis, cette déclaration péremptoire émane d’un certain Adolf Hitler. Fragilisé par ses revers sur le front russe, le Führer est bien déterminé à laver l’affront de la bataille de Stalingrad. Le 5 juillet 1943, une offensive allemande est lancée avec des moyens inédits. 780 000 hommes, 20 divisions blindées, 2000 chars et tout autant d’avions de combats.

A mi-distance entre Kiev et Moscou, le verrou stratégique de Koursk est situé au cœur d’un front allant de Leningrad à Kharkov. Une bataille cruciale, remportée par l’Armée rouge et ses redoutables chars de combat T-34. Le prélude à la chute du IIIe Reich et à l’arrivée triomphale des troupes soviétiques dans les ruines de Berlin.

Vladimir Poutine, qui n’a eu de cesse de justifier son opération militaire spéciale pour « dénazifier l’Ukraine » pourrait succomber à la tentation d’instrumentaliser cette offensive fulgurante orchestrée dans l’Oblast de Koursk. La symbolique du lieu choisi par le pouvoir ukrainien pour lancer sa contre-offensive ravive les vieux démons de la Seconde Guerre mondiale et porte un coup puissant au Kremlin. C’est la première incursion d’une armée étrangère sur sol russe depuis la Seconde guerre mondiale !
Plus de 140 000 civils russes ont dû quitter leur maison. Une incursion venue d’Ukraine que personne ou presque n’avait vu venir. « Nous étions parmi les premiers soldats à entrer en Russie », témoigne un combattant ukrainien dans les colonnes du Financial Times. « La première unité russe que nous avons combattue était assise dans la forêt et buvait du café. »

Ce revers ravive un autre symbole et d’autres mauvais souvenirs. L’une des pires humiliations vécues par le Kremlin. En août 2000, le naufrage du sous-marin nucléaire Koursk-141 est venu ternir le début de mandat de Vladimir Poutine, tout juste élu président. Baptisé en mémoire de l’héroïque bataille de 1943, ce fleuron de la marine russe a sombré en mer de Barents. Le symbole de l’incurie et l’état de délabrement de l’armée soviétique.

La tragédie avait tenu le monde en haleine pendant neuf jours. Vingt-trois marins avaient survécu à l’explosion de deux torpilles, mais Moscou a été incapable de les sauver, le gouvernement n’acceptant que trop tardivement l’aide proposée par la Norvège. Les 118 membres de l’équipage périrent tous dans la catastrophe. Koursk, le symbole double d’une tragédie illustrant le lointain passé glorieux d’une armée russe en pleine déliquescence et une victoire décisive remportée contre l’Allemagne nazie. C’est là que Volodymyr Zelensky, ennemi juré du Kremlin, mène aujourd’hui désormais l’offensive.

 

Trump surjoue ses fondamentaux

Le piège démocrate s’est refermé sur Donald Trump. Longtemps drapé dans la posture de super favori face à son rival préféré, le voilà tout déstabilisé par le revirement intervenu au cœur de l’été. Fébrile depuis le renoncement de Joe Biden, le Républicain inquiète les siens. « Trump a l’air d’un loser. » C’est le constat sévère et désabusé d’un chroniqueur du Wall Street Journal. Plutôt que d’agiter des énormités – « Kamala Harris veut interdire vos gazinières et vous empêcher de manger de la viande rouge » –, le journal conservateur ne cache pas son agacement quant à la tournure que prend cette campagne et aimerait voir son candidat adopter une attitude plus intelligente et structurée. Porter le combat sur l’économie, l’immigration et la politique étrangère américaine plutôt que d’attaquer Kamala Harris en diffusant sur les réseaux sociaux des clichés douteux générés par l’intelligence artificielle.

Rappelant au passage que Donald Trump a non seulement mené le camp républicain à la défaite en 2020, mais aussi aux élections de mi-mandat de 2018 et 2022. Pour capter la lumière, il a pris le parti de cultiver ses fondamentaux, surjouant un style virulent, grossier et outrancier. « Donald Trump ne peut pas supporter le succès de Kamala Harris », estime The Atlantic. « La perspective d’être non seulement battu, mais battu par une femme de couleur, le fait vriller. » Le combat s’annonce violent. Pour Kamala Harris et son solide colistier, le plus dur reste à faire. Tenir la distance dans une campagne de tous les dangers. Le pays est profondément divisé et fracturé. Comme pour conjurer la perspective d’une défaite mortifiante, le narratif de la tricherie, du mensonge et de la victoire volée commence déjà à circuler dans la nébuleuse du camp républicain.

Koursk, juillet 1943. C’est là que l’Armée rouge et la Wehrmacht se sont affrontées dans la plus grande bataille de chars d’assaut de l’Histoire. (dr)
Koursk, juillet 1943. C’est là que l’Armée rouge et la Wehrmacht se sont affrontées dans la plus grande bataille de chars d’assaut de l’Histoire. (dr)

Trump surjoue ses fondamentaux

Le piège démocrate s’est refermé sur Donald Trump. Longtemps drapé dans la posture de super favori face à son rival préféré, le voilà tout déstabilisé par le revirement intervenu au cœur de l’été. Fébrile depuis le renoncement de Joe Biden, le Républicain inquiète les siens. « Trump a l’air d’un loser. » C’est le constat sévère et désabusé d’un chroniqueur du Wall Street Journal. Plutôt que d’agiter des énormités – « Kamala Harris veut interdire vos gazinières et vous empêcher de manger de la viande rouge » –, le journal conservateur ne cache pas son agacement quant à la tournure que prend cette campagne et aimerait voir son candidat adopter une attitude plus intelligente et structurée. Porter le combat sur l’économie, l’immigration et la politique étrangère américaine plutôt que d’attaquer Kamala Harris en diffusant sur les réseaux sociaux des clichés douteux générés par l’intelligence artificielle.

Rappelant au passage que Donald Trump a non seulement mené le camp républicain à la défaite en 2020, mais aussi aux élections de mi-mandat de 2018 et 2022. Pour capter la lumière, il a pris le parti de cultiver ses fondamentaux, surjouant un style virulent, grossier et outrancier. « Donald Trump ne peut pas supporter le succès de Kamala Harris », estime The Atlantic. « La perspective d’être non seulement battu, mais battu par une femme de couleur, le fait vriller. » Le combat s’annonce violent. Pour Kamala Harris et son solide colistier, le plus dur reste à faire. Tenir la distance dans une campagne de tous les dangers. Le pays est profondément divisé et fracturé. Comme pour conjurer la perspective d’une défaite mortifiante, le narratif de la tricherie, du mensonge et de la victoire volée commence déjà à circuler dans la nébuleuse du camp républicain.

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