Depuis le 11 octobre 2022, il manque quelque chose au sommet du Pod 73 à La Chaux-de-Fonds. Ce jour-là, l’aigle, endommagé par la grêle du 21 juin 2021, a été retiré pour être restauré. Sauf que sa réparation s’est avérée impossible. Il faudra le refaire à l’identique. Comme le moule original a disparu, cela prendra du temps…
Le majestueux rapace, qui dominait fièrement le Pod 73, veillant sur l’artère centrale de La Chaux-de-Fonds, n’est plus qu’un souvenir pour les passants. Symbole de la marque horlogère Eberhard & Co, il a été retiré de sa coupole à l’automne 2022. Cet oiseau de zinc, apparu sur la ville en 1907, est désormais entreposé dans une cave, après avoir été gravement endommagé.
« à la suite de la grêle de 2021, nous l’avons descendu de son perchoir quand des prises de vue ont révélé qu’il avait été détérioré », rappelle Dominique de Reynier, propriétaire de l’immeuble et directeur de la gérance Métropole Gérance SA. « Et après examen, les experts ont conclu qu’il est irréparable. La seule solution est de le refaire à l’identique. »
Ce n’est pas la première fois que l’aigle a dû quitter son perchoir, en octobre 2022. En mars 2017, après plus d’un siècle d’exposition aux intempéries à 1000 mètres d’altitude, il avait déjà été retiré pour une restauration complète. Sa réinstallation en 2019 avait coïncidé avec le 10e anniversaire de l’inscription de La Chaux-de-Fonds au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Mais les dégâts causés par l’orage de 2021 nécessitent cette fois une intervention plus complexe. « L’absence du moule original de 1906 complique encore la tâche », précise Dominique de Reynier. Reproduire fidèlement l’aigle sera un véritable défi.
« Une entreprise française, située au Mans, spécialisée en zinguerie d’art et réputée pour ses restaurations d’ornements des châteaux de la Loire, a été choisie pour créer un nouveau moule », informe le propriétaire du monument ailé. « Cela permettra de refaire à l’identique l’aigle qui était assuré contre les éléments naturels. Reste à savoir à quelle hauteur l’établissement cantonal d’assurance et de prévention (l’Ecap) financera l’opération. »
Massimo Vitalba, responsable des sinistres à l’Ecap, assure que « les coûts seront entièrement couverts. Si les démarches ont pris un peu de temps, c’est qu’il a fallu trouver les bons experts. »
Cela dit, rien n’est encore joué. « Les spécialistes français doivent examiner l’aigle de près », indique Olivier Minerba, patron de l’entreprise Minerba SA, qui a rénové la toiture et les dômes de la Maison de l’Aigle entre 2017 et 2019. « Pour l’instant, ils n’ont vu que des photos. » Impossible pour eux, sur cette seule base, de se prononcer. Cette étape prolonge l’incertitude quant au retour du rapace sur le Pod 73. Mais le propriétaire de l’oiseau est catégorique : « Je ne renoncerai jamais à sa réinstallation ! »
Patrick Jobin, chef du service de l’urbanisme, signale qu’il n’existe aucune obligation stricte pour Dominique de Reynier de remettre l’aigle en place. « Mais si c’est réalisable, la ville peut effectivement le lui demander. à condition que les coûts demeurent raisonnables. Le but est de trouver une solution proportionnée sur le plan patrimonial. » Le conseiller communal en charge de l’urbanisme, Théo Huguenin-élie, confirme que son service soutient la réinstallation de l’aigle. « Cependant, cette décision ne peut être imposée au propriétaire, car cela ne relève pas de nos prérogatives. Cela dit, comme lors de la première restauration entre 2017 et 2019, nous sommes prêts à apporter notre contribution, en fonction de la faisabilité de la réplique à l’identique. »