La chute du Saut-du-Doubs a perdu 3 mètres

Par Jean-Pierre Molliet

Oui : il y a eu une erreur d’altitude. Et pour éviter que le barrage se déforme par un remplissage trop lent, il a fallu l’eau du lac de Saint-Point !

Lors de l’établissement de la concession pour la construction du barrage, il a été tenu compte de la chute du Saut-du-Doubs. Pour pouvoir conserver cette beauté naturelle à ses 27 mètres, la concession a été accordée pour un barrage avec une cote maximale de 716 mètres qui correspond au niveau normal du Doubs au pied de la chute.

À Genève, la pierre de Nilton qui sert de base pour fixer les altitudes, ainsi que pour les nivellements de toute la Suisse, a été cotée à nouveau en 1928. C’est alors qu’il a été établi que l’altitude de cette pierre de base avait une erreur de près de 3 mètres !

Lors de l’établissement de la concession, personne n’a songé, volontairement ou involontairement, à cette différence de 3 mètres. L’erreur de la pierre de Nilton se retrouve obligatoirement sur le niveau du lac du Châtelot.
Il en résulte que, lorsque le lac est à son maxima de 716 mètres, la chute du Saut-du-Doubs perd environ 3 mètres de hauteur, information qui a été dévoilée dans les discussions qui ont animé les festivités de l’inauguration.

Avec l’eau du lac de Saint-Point
Le remplissage du bassin d’accumulation a lieu en mars 1953. Soixante-six jours sont prévus pour amener les 22 000 000 m3 nécessaires. Le fond de la vallée est relativement vite mis sous eau. Plus la surface augmente, plus la montée se fait lente. Ce qui fait souci aux ingénieurs qui craignent la déformation du barrage. Il y a en effet danger si le débit du Doubs se trouve trop longtemps sous la pression d’eau du même niveau : en effet, ainsi, seule la partie inférieure du mur serait pressée et non le haut ce qui risquerait de déformer le mur.

Une solution est trouvée. Un arrangement avec le lac de Saint-Point, en France, qui se vide de 8 millions de mètres cubes pour remplir plus rapidement ce qui deviendra le lac de Moron. Le mur peut ainsi trouver son assise normale et sans déséquilibre.

Des mesurages du barrage et des points d’appui sont enregistrés en permanence dans la salle des vannes. Il est constaté que l’axe principal du sommet du barrage se déplace de 2 à 3 cm, alors que les deux points de repère placés immédiatement derrière le mur mais sur le rocher d’appui de la Grande Beuge ne bougent que de 1,5 cm.

Ces fléchissements constatés sous la pression de l’eau restent en dessous des prévisions des experts. Ouf !

 

Remplissage terminé ! Pour éviter le déversement par-dessus le mur, le niveau a été maintenu à la cote 715,80, soit 20 cm plus bas que le point culminant du barrage. (jm)
Remplissage terminé ! Pour éviter le déversement par-dessus le mur, le niveau a été maintenu à la cote 715,80, soit 20 cm plus bas que le point culminant du barrage. (jm)

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