100e du Collège musical 

Giovanni Sammali

Ce fleuron chaux-de-fonnier célèbre son centenaire avec un livre et une expo photos.

Trois figures chaux-de-fonnières comptent parmi les auteurs du livre édité par le Collège musical pour ses 100 ans. Robert Nussbaum pour l’historique, Thomas Sandoz pour une nouvelle en mode allegretto, et Pablo Fernandez pour les images sur la vie particulière de cette institution qui met la musique à portée de tous. L’ouvrage, imprimé sur la nouvelle presse de l’Imprimerie des Montagnes, a été verni hier soir, en présence du conseiller communal Théo Bregnard et de la directrice de l’institution, et virtuose à ses heures, Nathalie Dubois. Le moment s’est déroulé à la librairie Impressions, où les photographies de l’ouvrage sont exposées jusqu’au 28 septembre.

 

Robert Nussbaum a(r)écrit l’histoire

Collaborateur régulier pour Le Ô, l’ancien journaliste de L’Impartial et d’Arcinfo Robert Nussbaum a signé l’historique du bouquin du 100e. Il en parlait depuis un moment. Le livre sorti, il nous répond.

– Dans quelles circonstances le Collège musical est-il né ?
– On peut dire entre deux guerres et deux crises. Mais à la fondation du Collège musical en 1924, La Chaux-de-Fonds a vécu une période d’accalmie. La musique était déjà très vivante, mais il manquait un conservatoire. Le Collège musical a été cette école, la première d’une ville de 35 000 habitants.

– Comment expliquer sa longévité ?
– Grâce à la passion de ceux qui l’ont dirigé, des origines à aujourd’hui. Et à l’appui des autorités chaux-de-fonnières. Malgré un grand creux dans les années 1930 et jusqu’à l’arrivée de Georges-Louis Pantillon en 1947. C’est à lui qu’on doit l’essor du Collège musical, œuvre qu’a poursuivie sa fille Cécile. Pascal Guinand et aujourd’hui Nathalie Dubois ont dû ensuite faire preuve d’initiative et de ténacité pour maintenir le Collège à flot. Avec de sérieux coups de tabac : des menaces de fermeture, la période du Covid…

– Le plus difficile ?
– De ne pas s’égarer dans les recherches… Vous savez, quand on consulte les archives de L’Impartial des années 1920-1930, on a tendance à s’arrêter sur un article de politique, Hitler en prison en 1932 par exemple, ou sur les pubs telles que celle du Bani Sauna disparu de la rue Jaquet-Droz, à 20 francs le trimestre…

– Des surprises ?
– La plus grande, c’est que je n’ai trouvé que peu de choses sur les vingt premières années du Collège musical, à part sur sa fondation, et encore. Même dans les archives désormais numérisées de la ville. Il reste une zone d’ombre, des années 1930 à l’ère Pantillon.

– Une anecdote croustillante ?
– Pas directement. Mais j’ai relu avec plaisir le plaidoyer pour le Collège musical de Blaise Fivaz au Conseil général en 2020. Plusieurs fois, il a ponctué son intervention d’un vibrant « nom d’une pipe ». J’adore !

Par Augustin Pelot

«Un siècle et pas une ride»

Passée de musicienne virtuose à enseignante puis directrice, Nathalie Dubois ne peut qu’être fière du chemin parcouru par l’institution : « Je suis fière et heureuse d’être à la tête de la plus ancienne école de musique de la ville. Après un siècle, elle n’a pas pris une ride. C’est magnifique. » Son meilleur souvenir ? « J’ai envie de croire qu’il va encore arriver. »

Proportionnel au revenu
Composée de 350 élèves et 25 professeurs répartis sur 15 locaux dans près de 10 bâtiments scolaires, le Collège musical souhaite offrir la musique à tout un chacun. « C’est une école sociale proportionnelle aux revenus des parents et accessible pour l’enfant. L’idée initiale était qu’il sorte du cours d’anglais pour se rendre à sa leçon de violon dans la salle d’à côté », explique Nathalie Dubois. La flûtiste virtuose partage ainsi sa passion avec les futures générations. « Friedrich Nietzsche disait : sans la musique, la vie serait une erreur. Elle est indispensable et salvatrice pour la jeunesse. C’est une thérapie pour l’âme, l’esprit, le corps, la gestion des émotions, etc. Une vertu qui va au-delà de juste pratiquer un instrument. » Le défi ? « Enseigner à ces jeunes ayant des besoins particuliers demande de l’énergie et des compétences autres que celles d’un pédagogue musical. »

Gala avec Arianne Haering
En plus du vernissage et de la série de neuf concerts au MIH, le Collège musical organise une soirée de gala le 17 novembre à 17 h à la Salle de musique sur la thématique « Un siècle d’années folles. » Au programme : chœur et orchestre, dirigés par Nathalie Dubois, avec la présence de la pianiste et ancienne élève Ariane Haering. « On fera une œuvre par décennie, démarrant avec une création un peu rap jusqu’à 1924 et le Rhapsody in Blue de Gershwin. Peut-être que je trouverai mon meilleur souvenir », sourit la directrice.

Son message
« Vous avez entre 4 et 20 ans et la musique vous passionne ? Nos portes sont ouvertes. N’hésitez pas à vous inscrire. On vous accueille à bras ouverts. »

Par Alireza Baheri

 

Et c’est Thomas Sandoz qui règle… l’audition !

L’auteur chaux-de-fonnier signe la nouvelle éditée en fin de l’ouvrage du 100e. « Je n’ai pas hésité une seconde quand on me l’a proposé. » S’il n’a pas lui-même fréquenté le Collège musical – « mais je joue de la guitare et de la basse » – , ses deux fils y ont appris la musique. Il a donc assisté à nombre d’audition. D’où les notes vécues au fil de sa nouvelle joliment titrée L’Audition, s’il vous plaît.

Sur le mode du scherzo façon Gioccoso, la nouvelle retrace les derniers instants avant une audition du Collège musical. Entre bugs, imprévus et crise de trac, le récit est prenant d’authenticité. Certains des protagonistes de cette fiction se reconnaîtront-ils ? « On puise toujours un peu dans la réalité : j’espère que tout le monde se reconnaîtra ! », s’exclame Thomas Sandoz

Il a bien sûr évoqué la phobie de l’audition. « C’est intéressant de voir que le Collège musical en propose autant, pour que ça devienne naturel de jouer en public, de partager dans une ambiance très conviviale. Et surtout bienveillante : je n’ai jamais entendu quelqu’un rigoler ou se moquer. C’est pour cela que j’ai choisi la dimension humoristique. Il y a des institutions où le code est plus important, avec tout un décorum, un silence absolu… Jamais on n’y verra des petits frères et sœurs courir dans la salle pendant un morceau ! »

Le mélange d’anecdotes est savoureux. Du piano fermé à clé au gâteau aux myrtilles qui coule. « Les collations d’après audition font partie intégrante de l’institution. Ces grandes tablées avec spécialités et desserts apportés sont une fantastique tradition. »

Que notre ville dispose d’une telle institution est pour lui une fierté. « Oui, absolument. Elle est très originale. Elle ouvre à la musique et aux instruments avec une autre offre que le conservatoire. Mon aîné a poursuivi son chemin au conservatoire pour devenir pianiste professionnel. Il suit la HMU. Pour moi, conservatoire et Collège musical sont complémentaires. » Allusion au projet de leur fusion avortée ? « Je n’ai pas d’avis à donner, mais quant à moi je préfère deux institutions distinctes, ce qui leur confère plus de souplesse. Et le Collège musical mérite de vivre 100 ans de plus ! »

Par Giovanni Sammali

 

 

 

Des débuts du Collège musical, dans l’Impartial de 1924, à l’une des prestations du Collège musical, qui se produit souvent au MIH. (dr-Collège musical)
Des débuts du Collège musical, dans l’Impartial de 1924, à l’une des prestations du Collège musical, qui se produit souvent au MIH. (dr-Collège musical)

Et c’est Thomas Sandoz qui règle… l’audition !

L’auteur chaux-de-fonnier signe la nouvelle éditée en fin de l’ouvrage du 100e. « Je n’ai pas hésité une seconde quand on me l’a proposé. » S’il n’a pas lui-même fréquenté le Collège musical – « mais je joue de la guitare et de la basse » – , ses deux fils y ont appris la musique. Il a donc assisté à nombre d’audition. D’où les notes vécues au fil de sa nouvelle joliment titrée L’Audition, s’il vous plaît.

Sur le mode du scherzo façon Gioccoso, la nouvelle retrace les derniers instants avant une audition du Collège musical. Entre bugs, imprévus et crise de trac, le récit est prenant d’authenticité. Certains des protagonistes de cette fiction se reconnaîtront-ils ? « On puise toujours un peu dans la réalité : j’espère que tout le monde se reconnaîtra ! », s’exclame Thomas Sandoz

Il a bien sûr évoqué la phobie de l’audition. « C’est intéressant de voir que le Collège musical en propose autant, pour que ça devienne naturel de jouer en public, de partager dans une ambiance très conviviale. Et surtout bienveillante : je n’ai jamais entendu quelqu’un rigoler ou se moquer. C’est pour cela que j’ai choisi la dimension humoristique. Il y a des institutions où le code est plus important, avec tout un décorum, un silence absolu… Jamais on n’y verra des petits frères et sœurs courir dans la salle pendant un morceau ! »

Le mélange d’anecdotes est savoureux. Du piano fermé à clé au gâteau aux myrtilles qui coule. « Les collations d’après audition font partie intégrante de l’institution. Ces grandes tablées avec spécialités et desserts apportés sont une fantastique tradition. »

Que notre ville dispose d’une telle institution est pour lui une fierté. « Oui, absolument. Elle est très originale. Elle ouvre à la musique et aux instruments avec une autre offre que le conservatoire. Mon aîné a poursuivi son chemin au conservatoire pour devenir pianiste professionnel. Il suit la HMU. Pour moi, conservatoire et Collège musical sont complémentaires. » Allusion au projet de leur fusion avortée ? « Je n’ai pas d’avis à donner, mais quant à moi je préfère deux institutions distinctes, ce qui leur confère plus de souplesse. Et le Collège musical mérite de vivre 100 ans de plus ! »

Par Giovanni Sammali

 

 

 

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